Dans le cadre de l’émission de Confidences de presse du 7 avril, le journaliste Abdellah Tourabi a reçu le ministre de l’Education nationale. L’occasion pour Saaid Amzazi de s’exprimer, entre autres, sur la situation des enseignants dits “contractuels”. Un terme qu’il ne faut “plus utiliser”, a insisté le ministre. “La contractualisation a été écartée définitivement le 13 mars lorsque nous avons tenu les sessions des conseils d’administration des Académies régionales de l’enseignement et de la formation (AREF, ndlr) et que nous avons aboli le mot ‘contractualisation’ de leur statut”, a expliqué Saaid Amzazi, précisant que “maintenant, ils sont enseignants-cadres des AREF”.
Pour le ministre, le “problème” sur la situation de ces enseignants se posait déjà en 2013. “Le nombre de postes définis dans le cadre des différentes lois de finances ne suffisait pas pour remplacer les enseignants qui partaient en retraite. Nous avons atteint des taux inquiétants de surpeuplement dans les classes, soit plus de 60 élèves, pendant trois ou quatre ans. En 2016, le gouvernement précédent s’est donc tourné vers la contractualisation”, a-t-il expliqué. Saaid Amzazi a également rappelé que cette mesure avait été prise en accord avec la Charte nationale de l’éducation de 1999 et la Vision stratégique de 2015 qui “a abordé la diversification des modes de recrutements, dont le système de contractualisation”.
Le “grand problème” de la mutation
“Ce système a permis d’embaucher 11.000 enseignants en 2016, 24.000 en 2017, 20.000 en 2018 et 15.000 en 2019, soit 70.000 en moins de quatre ans. Aucune des lois de finances n’a réussi à faire ça”, s’est d’abord défendu le ministre. Et de poursuivre : “L’année précédente, nous nous sommes interrogés sur les améliorations à apporter au mode de recrutement et nous avons mis en place un nouveau statut pour passer du système de contractualisation à une situation légale qui assurerait la stabilité professionnelle dans le cadre de la régionalisation avancée avec le principe de la décentralisation”. L’objectif était de “donner aux académies la possibilité de gérer les ressources humaines”.
Aujourd’hui, “personne ne veut aller dans les régions éloignées. Après une année, les enseignants veulent revenir à Casablanca et Rabat”, a déploré le ministre. Une situation qu’il décrit comme un “grand problème” pour son département.
Selon Saaid Amzazi, “95% du budget de l’Education nationale va aux AREF”. Il a présenté ces académies comme des “institutions publiques qui ont une indépendance administrative et financière” et qui s’occupent directement du recrutement des enseignants. Après la révision de leur statut, “nous leur avons donné un nombre de droits (…) dont la possibilité de devenir inspecteurs ou directeurs d’école”, a soutenu le ministre.
Pour ce qui est de l’accès à la retraite, l’une des réclamations des enseignants en grève, le ministre a tempéré, estimant que la majorité d’entre eux sont jeunes et ne devraient pas se soucier du sujet pour l’instant. “Aujourd’hui, les enseignants ont accès au RCAR (Régime collectif d’allocation de retraite, NDLR)”, explique le ministre, soulignant que « les fonctionnaires du ministère de l’Education nationale ont accès à la CMR (Caisse marocaine des retraites, NDLR)”. “Tout le monde sait que d’ici quatre ans, ces deux caisses seront fusionnées. Où est donc le problème?”, se demande Saaid Amzazi
S’il reconnait que le niveau de l’enseignement public a globalement baissé, le ministre estime qu’il ne faut pas pour autant ignorer “les efforts colossaux” qui ont été fournis par ses prédécesseurs. D’après lui, “l’école publique marocaine est en construction”, et les résultats du chantier seront visibles dans “12 ans”.
Pour rappel, les enseignants des AREF observent une grève ouverte depuis début mars pour revendiquer leur intégration au statut général de la Fonction publique. Cette grève se poursuit en dépit des 14 amendements annoncés par le ministère de l’Éducation nationale le 9 mars et adoptés le 13 mars par le Conseil d’administration des AREF. La coordination nationale des enseignants contractuels a annoncé une nouvelle manifestation ce lundi devant la place Hassan à Rabat et une marche vers le parlement. Une rencontre avec Said Amzazi est également prévue demain.