Depuis la région la plus pauvre du Maroc, Baraka impute les disparités de développement au PJD

Lors d'une rencontre de l'Istiqlal le 15 mars à Azilal, Nizar Baraka a imputé les retards de développement du Maroc aux gouvernements menés par le PJD. Le chef du parti de la balance a aussi également affiché son opposition à la contractualisation des enseignants.

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Nizar Baraka, secrétaire général du parti de l'Istiqlal. Crédit: AFP

Nizar Baraka a-t-il, lui aussi, déjà le regard tourné vers les élections de 2021 ? La sortie médiatique du secrétaire général de l’Istiqlal, en marge d’une rencontre du groupe parlementaire de sa formation tenue le 15 mars à Azilal, a en effet pris des airs de pré-campagne électorale. Evoquant le sujet épineux des enseignants contractuels, le patron du parti de la balance a fait part de son opposition à la politique prônée par le gouvernement.

« Depuis le début, nous avons exprimé notre refus de la contractualisation dans l’éducation nationale. Nous considérons que l’enseignant est en droit d’avoir une stabilité. Il a aussi le droit d’accomplir son travail dans les meilleures conditions » a-t-il déclaré estimant que la solution aux revendications des enseignants contractuels passe par l’adoption d’ « un système régional qui régit l’éducation nationale, mais aussi d’autres secteurs de la fonction publique ».

Lors de cette rencontre régionale, Nizar Baraka a également évoqué les inégalités structurelles frappant les régions les plus isolées, comme les zones montagneuses, et a imputé la responsabilités de ces disparités aux gouvernements successivement dirigés par Saad-Eddine El Othmani et avant lui Abdelilah Benkirane, dont il a été ministre de l’Economie. « Il est temps aujourd’hui que les régions montagneuses puissent bénéficier du développement et de la richesse du pays (…) Il est temps que ces régions profitent des services de la santé, de l’éducation, du logement, » a déclaré le secrétaire général de l’Istiqlal sous les applaudissements de l’audience présente sur place.

Quand Baraka paraphrase Mohammed VI 

Le secrétaire général du parti de la balance a aussi paraphrasé la fameuse question que posait le roi Mohammed VI dans le discours du trône du 30 juillet 2014 : « où est la richesse ? ». « Le roi a expliqué dans ce discours qu’il est important qu’il y ait une équité et que les régions marginalisées profitent de la richesse du pays », déclare Nizar Baraka.

Pour critiquer l’Exécutif, il évoque aussi un autre discours royal, celui prononcé par le souverain à l’occasion de la rentrée parlementaire de l’automne 2018 : « le roi a insisté sur la nécessité de changer le modèle de développement car la politique  menée par l’actuel gouvernement et celui qui l’a précédé œuvre à creuser les disparités entre les différentes franges de la société et à appauvrir plusieurs marocains surtout les classes moyennes, » tance le leader de l’Istiqlal, premier parti à avoir présenté ses propositions pour la réforme de ce modèle de développement, moins d’un mois après le discours royal.

Ancien président du CESE, le chef de l’Istiqlal brandit des chiffres pour étayer son propos. « Le taux de pauvreté national est d’environ 4 % alors qu’au niveau de la région (Beni Mellal-Khenifra, ndlr), il est de 10 %. Dans la province d’Azilal, il a atteint les 20 % » indique-t-il.

Dans le secteur de la santé, « malgré les efforts fournis, on enregistre un médecin pour chaque 4800 citoyens dans la région contre 1900 comme moyenne nationale. Et encore faut-il que ces médecins fassent le déplacement ! ». Et à l’assistance de clamer « c’est une honte, c’est une honte, Azilal est en danger ».

L’éducation n’y est pas mieux lotie selon Baraka : « Si la moyenne nationale d’années d’études a atteint les 5 ans et demi. À Azilal, elle est de 3 ans et demi, car le décrochage scolaire reste extrêmement important surtout chez les filles, » déplore le chef de l’Istiqlal.

Pour enfoncer le clou et affirmer que « le rythme de réalisation des infrastructures a énormément ralenti », Nizar Baraka ose la comparaison entre les réalisations effectuées lors du mandat du dernier gouvernement dirigé par l’Istiqlal, celui d’Abbas El Fassi (2007-2011). « Lorsque nous étions au gouvernement, nous avons réalisé 10.800 kilomètres de routes dont 20 %, au niveau de la province d’Azilal. Ce gouvernement en a réalisé 5.000 km en l’espace de 7 ans ». Il ajoute : « un barrage était réalisé à notre époque en 5 ans. Aujourd’hui le gouvernement met 8 ans en moyenne ».