Patron respecté de la CNSS devenu wali, qui est Saïd Ahmidouch?

Parmi les nouveaux walis et gouverneurs nommés par le roi le 18 février dernier, Saïd Ahmidouch prend la tête de la préfecture casablancaise. Portrait de ce nouveau wali, patron historique de la CNSS, qu'il a transformée et redynamisée pendant 14 ans.

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Saïd Ahmidouch, nouveau Wali de la région Casablanca-Settat et ex-DG de la CNSS Crédit: Yassine Toumi/TELQUEL

Après quatorze années passées à la tête de la Caisse nationale de sécurité sociale, Said Ahmidouch a été nommé, le 18 février, wali de la région Casablanca-Settat par le roi Mohammed VI. Un véritable changement de cap pour cet homme qui a dédié l’essentiel de sa carrière au secteur de l’assurance. Après avoir fait ses premiers pas effectués dans le secteur privé, il s’est consacré au service public. Portrait d’un manager reconnu qui devra remettre de l’ordre dans la plus grande région du Royaume.

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Mentor à la CNIA

Né en 1959, Said Ahmidouch débute son parcours professionnel dans l’ingénierie en intégrant la SAMIR en 1985. Cet ingénieur diplômé de l’Ecole des mines de Paris effectue son premier changement de cap lorsqu’il est nommé directeur de production de l’Alliance africaine d’assurances (qui sera ensuite absorbée par Watanya qui deviendra RMA Watanya avant de devenir RMA après le rapprochement avec la Royale marocaine d’assurances). Un poste qu’il occupera de 1986 à 1990 avant d’être nommé directeur général adjoint de la Compagnie africaine d’assurances.

En 2000, il est nommé directeur général, d’un autre assureur, la CNIA. Said Ahmidouch y devient un mentor pour ses protégés. Parmi eux, Hakim Hassani, ancien responsable du département souscription vie chez l’assureur. « Saïd Ahmidouch n’avait pas peur de l’inconnu, mais ne prenait pas le risque de mettre ses collaborateurs en péril. Quand il rejoignait une entreprise, elle devenait vite sa maison, comme il aimait à le dire », décrit celui qui « garde l’image d’un manager humble, tenace et respectueux ».

L’AMO, le premier défi à la CNSS

Son talent managérial, Saïd Ahmidouch aurait pu le mettre à contribution dans le secteur privé, mais c’est bien au public qu’il a dédié les 15 dernières années de sa carrière. En 2004, il prend les rênes de la CNSS. Il débarque alors dans une institution qu’il décrit lui-même à la presse comme « traumatisée » par des enquêtes parlementaires et poursuites déclenchées contre plusieurs de ses cadres et dirigeants accusés d’avoir détourné pas moins de 47 milliards de dirhams entre 1971 et 2001.

Le manager se fixe alors comme objectif de « redonner confiance aux équipes et montrer aux autorités et aux citoyens que la CNSS peut encore servir à quelque chose ». Pour ce faire, Said Ahmidouch se consacre à un important chantier, la mise en place puis la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), qui garantit une adhésion obligatoire pour toutes les entreprises assujetties à la CNSS et ne disposant d’aucun système de couverture médicale. « L’AMO a été capitale dans le changement de perception de la CNSS. Saïd Ahmidouch, venant du monde des assurances, savait ce qu’il faisait. Au lancement, il y avait une centaine de dossiers par jour, désormais, il y en a 20.000. Il a énormément travaillé sur la numérisation et la digitalisation du service et a permis de faire un saut qualitatif très important », se souvient Lahcen Lardhiri, inspecteur général de la CNSS. Depuis sa mise en place, 5,9 millions de Marocains ont adhéré à l’AMO (soit un taux de couverture de plus de 90% ).

Rigueur et écoute

A la CNSS, le mot d’ordre du côté de Said Ahmidouch est la rigueur. « C’est un homme doté de qualités managériales de très haut niveau. Il ne permet aucune marge d’erreur. Le travail doit être fait à 100% », raconte Lahcen Lardhiri pour décrire le patron d’une institution qui, selon les derniers chiffres, gère les dossiers de près de 220.000 entreprises déclarantes, 3,38 millions de salariés et brasse plus de 21 milliards de dirhams de cotisations.

Au sein de l’institution publique, Said Ahmidouch a également érigé l’écoute comme mot d’ordre. « Il est aussi très à l’écoute des clients et a énormément fait avec les plus démunis. Il nous demande toujours d’être à l’écoute, que ce soit en arabe ou en amazigh, des personnes les plus sensibles dans les coins les plus reculés du Maroc », poursuit Lahcen Lardhiri qui décrit un homme « toujours présent pour l’incorporation des nouvelles recrues, et apprécié par l’ensemble des membres de la CNSS ».

Des qualités que le nouveau wali de Casablanca-Settat aura à cœur de mettre au service d’une région minée par les défaillances. Chantiers à conclure, gestion des SDL et réorganisation de la gouvernance sont autant de défis auxquels Said Ahmidouch devra faire face.