D’une utopie quelque peu oubliée à la réalité ? Le secrétariat général de l’Union du Maghreb arabe (UMA) a annoncé, le 29 janvier, vouloir relancer le projet de ligne ferroviaire transmaghrébine. Dans un communiqué, il est mentionné “un appel à candidature international pour le recrutement d’un consultant individuel (ou représentant d’une société) chargé pour le marketing et la publicité de l’étude de la réhabilitation et de la modernisation de la ligne de chemin de fer”.
Ce projet phare, initié au début des années 1990, pourrait enfin voir le jour et avec lui, l’idée de lancer enfin une véritable intégration économique dans la région. La rénovation et la modernisation de cette ligne ferroviaire a, en tout cas, reçu l’aval de la Banque africaine de développement par l’octroi d’un don. “Le secrétariat général de l’Union du Maghreb arabe a obtenu un don de la Banque africaine de développement […] en vue de financer le coût des activités préparatoires du projet de la réhabilitation et de la modernisation de la ligne de chemin de fer transmaghrébine reliant l’Algérie, le Maroc et la Tunisie”, poursuit le communiqué de l’UMA. Le montant lui n’a pas été communiqué.
Estimé à 3,8 milliards de dollars
Longtemps, le Maghreb a rêvé de sa ligne de TGV. Considérée comme l’un des plus ambitieux projets du continent, la ligne a tardé à se concrétiser. La faute à un contexte diplomatique pesant, notamment entre le e Maroc et l’Algérie. Initialement, la ligne de train devait concerner le Grand Maghreb et ainsi permettre la création d’une ligne allant de Nouakchott en Mauritanie à Tripoli en Libye et passant par Casablanca, Alger et Tunis.
En décembre, le secrétariat général de l’UMA a tenu une session de travail pour réactiver ce projet et discuter de son financement. L’aménagement des voies ferrées entre les trois pays nécessiterait environ 1,7 milliard de dollars, sachant que le coût total du projet est estimé à environ 3,8 milliards de dollars. Le recrutement d’un consultant par l’UMA répond ainsi à cette vaste campagne de séduction de bailleurs de fonds et cette volonté de relancer le projet. D’après le communiqué, une “préparation […] de la table ronde des bailleurs de fonds” est prévue pour le 29 mars.
La voie ferrée dépendante de la voie diplomatique
Ainsi, il s’agirait de moderniser la ligne ferroviaire de 363 kilomètres existante entre le Maroc et l’Algérie, et une autre de 503 kilomètres entre Alger et Tunis qui ne cesse, elle, d’être ajournée. Initialement prévue au 1er mai 2017, la mise en place de cette liaison entre les capitales algériennes et tunisiennes a été reportée à de nombreuses reprises, faute d’expertise technique et en raison de la non-compatibilité entre rails tunisiens et locomotives algériennes comme l’affirmait le directeur de la Société nationale des chemins de fer algériens, Yassine Benjabbalah au mois d’août dernier.
Tout n’est pourtant pas à faire. A l’époque coloniale, les trois pays disposaient d’une voie de chemin de fer commune. Les rails du transmaghrébin reliaient Marrakech à Gabès, en Tunisie. Depuis la fermeture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, les rotatives se sont arrêtées et le projet de modernisation placé aux oubliettes. D’autant que la réactivation du projet rester intimement lié aux décisions politiques et diplomatiques entre les deux rivaux maghrébins. Il s’agirait dès lors d’évoquer une possible réouverture des frontières terrestres, closes depuis 1994.
En ce sens, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, avait estimé, le 23 janvier, qu’il “n’y aura pas d’intégration régionale sans relations bilatérales saines, et en gardant des frontières communes fermées”. “Les problèmes que connaît l’Union du Maghreb arabe sont tributaires de la tension qui marque les relations bilatérales entre l’Algérie et le Maroc”, avait-il affirmé dans l’émission Bila Houdoud diffusée sur Al Jazeera. Un premier problème de poids à éluder avant de permettre au Transmaghrébin de refaire surface.