Imbroglio sur l'état de santé de Nasser Zafzafi

Selon Ahmed Zafzafi, son fils  Nasser souffrirait d'une paralysie partielle, consécutive aux mauvais traitements. L'administration pénitentiaire affirme quant à elle détenir des vidéos qui montrent le leader du Hirak "casser un bureau à la main", ce dont il serait incapable en cas de paralysie. 

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Yassine Toumi/TELQUEL

Il a ressenti une douleur au niveau de la jambe avant qu’elle ne se transforme en paralysie ». Ce message posté sur Facebook dans la soirée du 28 janvier est signé Ahmed Zafzafi, père de Nasser Zafzafi, leader du Hirak actuellement détenu dans la prison d’Oukacha à Casablanca. Evoquant l’état de santé de son fils, il affirme que cette paralysie est due à un accident vasculaire cérébral (AVC) que son fils aurait fait en prison. « Il a immédiatement alerté les gardiens. Quelques minutes après, l’un d’eux est arrivé, muni d’un flacon d’alcool. Mon fils a exigé qu’un médecin vienne pour l’examiner vu la gravité de son état, » affirme Ahmed Zafzafi.

Information divulguée ?

A cette paralysie viendrait s’ajouter également une contraction artérielle au niveau de l’encéphale droit. Selon le père du leader du Hirak, c’est cet épisode qui aurait été à l’origine de tensions entre les détenus du mouvement de contestation d’Al Hoceima et le personnel de l’administration d’Oukacha le 26 janvier. Pour rappel, certains prisonniers avaient refusé de regagner leur cellule ce jour-là. L’administration pénitentiaire a ensuite fait venir un médecin qui, après avoir ausculté le détenu, a décidé de le transférer d’urgence à l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca.

Ahmed Zafzafi explique ainsi la suite des événements : « A son arrivée à l’établissement médical, il a été examiné par un neurologue, un cardiologue et un urologue. Nasser a finalement constaté que la direction des prisons lui cachait depuis le 1er mars 2018 des informations concernant son état de santé, date à laquelle il avait eu des symptômes d’un AVC. Samedi 26 janvier, il a enfin appris qu’il avait fait un AVC ». Le père estime en outre que l’état de Nasser Zafzafi s’est aggravé en raison de mauvais traitements qu’il aurait subi en prison. L’administration pénitentiaire a toujours nié cette accusation.

La DGAPR réagit

L’administration de la prison a quant à elle démenti que Nasser Zafzafi aurait été victime d’« une attaque cérébrale ayant entraîné une paralysie partielle ».

Le détenu avait subi il y a presque un an une série d’examens médicaux, à savoir une IRM)et une électroencéphalographie, qui ont montré qu’il souffrait d’une « anomalie congénitale minime » conformément au diagnostic du médecin traitant, a indiqué l’administration de la prison citée dans un communiqué de la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR).

Selon la même source, « il a été conclu que les allégations selon lesquelles le médecin et l’administration de l’établissement pénitentiaire auraient dissimulé les résultats des examens sont mensongères et visent en fait à tromper l’opinion publique en faisant croire que le prisonnier aurait été victime de négligence ». Les résultats des examens n’ont aucun lien avec les conditions de détention, affirme la DGAPR.

L’établissement carcéral a en outre indiqué qu’il a été procédé samedi dernier à des examens supplémentaires pour le détenu en question, lesquels ont confirmé les résultats précédents, sachant que le médecin traitant a demandé un examen approfondi sur l’anomalie congénitale précitée. Ainsi, le prochain examen médical du détenu a été programmé dans deux mois, alors qu’une ordonnance médicale lui a été prescrite.

« En cas de paralysie partielle due à une attaque cérébrale comme cela a été rapporté par certains médias, le détenu serait dans l’incapacité d’ôter ses vêtements ou de casser un bureau à la main comme le montrent les caméras de surveillance », conclut le communiqué.