On en sait plus sur l'identité de l'hispano-suisse arrêté par les autorités

Père de famille de 25 ans, l'Hispano-suisse arrêté dans le cadre du meurtre de deux touristes scandinaves à Imlil se serait radicalisé à Genève et aurait un casier judiciaire bien rempli, explique Abdelhak Khiame au quotidien suisse 24 heures. Selon la même source, il prévoyait d'organiser d'autres attaques sur le sol marocain.

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L'hispano-suisse, Kévin Z., était connu de la police hélvète pour des faits de petite délinquance. Crédit: Capture d'écran

« Il a amené certains membres à s’entraîner au tir dans un champ avec des cartouches à blanc et a même recruté des subsahariens avec lesquels il projetait de rejoindre les branches de Daech au nord du Mali », a déclaré le patron du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), Abdelhak Khiame, au quotidien suisse 24 heures. Le mystérieux suspect Hispano-Suisse, arrêté dans le cadre de l’enquête sur le meurtre des deux Scandinaves à Imlil, a désormais une identité. Ou du moins des initiales : K.Z.

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Depuis sa supposée conversion, ce jeune homme âgé de 25 ans, se fait appeler Abou Yahia ou Abdullah, indique le journal. Né d’un père suisse et d’une mère espagnole, K.Z., appréhendé par le BCIJ le 29 décembre, est « soupçonné d’avoir appris à certaines personnes interpellées dans cette affaire à utiliser les outils de communication issus des nouvelles technologies et de les avoir entraînées au tir », estime le BCIJ.

Radicalisé à la mosquée du Petit-Saconnex

Dans sa publication, le quotidien helvète revient sur le parcours de ce ressortissant suisse, présenté le 3 janvier devant le juge d’instruction antiterroriste de Rabat. « Selon les informations dont nous disposons, il a été converti à l’islam dans la mosquée du Petit-Saconnex, à Genève en 2011 », avance Abdelhak Khiame auprès de 24 heures. Avant d’ajouter : « Avec d’autres convertis qui ont le même profil que lui, il a assisté à des prêches qui étaient animés par deux imams français, des convertis aussi ». 

Quartier résidentiel offrant une vue sur la rade du lac Léman, le Petit-Saconnex abrite une grande mosquée, financée par l’Arabie saoudite, et accusée depuis plusieurs années de véhiculer une vision rétrograde de la religion. En juin 2016, déjà, Le Point faisait mention d’un lieu de culte activement surveillé par les renseignements tant « deux de ses fidèles sont partis se battre en Syrie ». Et de préciser que deux de ses imams ont fait « l’objet d’une surveillance accrue de la part des services de renseignement français. » Depuis, les deux imams ont été expulsés du pays pour avoir encouragé des fidèles à faire le djihad.

Vidéo de décapitations

K.Z aurait d’abord projeté d’attaquer une bijouterie pour « financer un départ vers la Syrie et rejoindre Daech ». Il s’est finalement rendu au Maroc, en 2015, après avoir hésité entre l’Algérie et la Tunisie. Dès lors, le patron du BCIJ indique que l’homme arrêté a essayé d’intégrer une école coranique dans le sud du pays, avant d’élire domicile à Marrakech. Et, c’est dans la ville ocre que le vingtenaire se serait rapproché « d’un imam qui officie dans une mosquée anarchique de la banlieue de Marrakech ». K.Z se serait ensuite mis en contact avec l’émir qui dirigeait la cellule djihadiste impliquée dans l’atroce crime d’Imlil.

Le jeune homme était en contact avec « un opérationnel de Daech en Syrie » qu’il avait rencontré en Suisse, affirme Abdelhak Khiame. Les deux hommes communiquaient via la messagerie cryptée Telegram. Le responsable du groupe État islamique (EI) « faisait passer » au Genevois « des vidéos de décapitation ». K.Z, comme les autres membres de la cellule envisageait alors de commettre « des actions sur le sol marocain visant les services de sécurité ou des touristes », révèle le patron du BCIJ.

L’entourage sous le choc

Chez ses proches, en revanche, subsiste une véritable incompréhension sur ce tournant opéré par le jeune homme désormais âgé de 25 ans. « Il a fait des conneries de gamin, mais depuis il s’était racheté une conduite », explique l’un des amis d’enfance du quartier des Grottes à Genève. Fervent supporter du Servette FC, K.Z était un habitué des fêtes entre amis dans les clubs ou des « beuveries autour de la fontaine de la place du quartier des Grottes« , renchérit 24 heures. Adolescent difficile, le jeune homme avait déjà été condamné à plusieurs reprises en Suisse pour des affaires de délinquance. Puis, c’est en prison qu’il aurait découvert l’islam.

Du jour au lendemain, le garçon se convertit et change ses habitudes. Sans pour autant tomber dans la radicalité : « Il s’est illuminé, l’islam lui a donné un but. Il a arrêté ses bêtises, la fumée, les boissons », raconte l’une des sources interrogées par le quotidien suisse. L’interlocuteur explique que la religion commençait à prendre de plus en plus de place dans la vie du garçon ». Mais c’était un bon islam, celui qui prêche la paix et la non-violence. Certains de ses proches étaient persuadés qu’il finirait comme ça, mais moi je n’y crois pas. K.Z a un bon fond […] Autour de moi, personne ne veut y croire ».

Un jeune, donc, au passé tumultueux que ses amis croyaient être sur le droit chemin. « C’était derrière lui tout ça. Au Maroc, il a une femme et un enfant. Il venait souvent rendre visite à sa famille à Genève », témoigne un ami d’enfance. Un autre explique que K.Z a eu un parcours de vie « difficile« , connaissant des « problèmes de famille ». La mosquée du Petit-Saconnex apparaît également comme le lieu responsable du changement du garçon, père d’une petite fille. « Certains sont dans les extrêmes là-bas. Lui, il est jeune et influençable. Il a dû subir un lavage de cerveau », conclut la même source.