Agression de Benguerir: Plusieurs médias épinglés par la HACA pour leurs traitements

Pour le régulateur des médias audiovisuels, Medina FM, 2M et Medi1TV n'ont pas respecté le principe de présomption d'innocence dans leur couverture de l'affaire de l'agression sexuelle de Benguerir, en mars 2018.

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Latifa Akharbach a notamment dénoncé la “normalisation aberrante de l’atteinte à l’intégrité des femmes dans les médias”. Crédit: MAP

La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a publié une série de décisions à l’encontre de différents médias nationaux dans le Bulletin officiel du 2 janvier 2019, en raison de leur traitement de l’affaire de l’agression sexuelle de Benguerir, fin mars 2018. Une vidéo de l’agression sexuelle d’une jeune fille avait fait le tour des réseaux sociaux. D’une insoutenable violence, les images montrent pendant moins d’une minute l’adolescente de 17 ans plaquée à terre par son agresseur qui tente visiblement de la violer. La scène s’était déroulée à Bouchane, à 50 kilomètres de Benguerir, en janvier 2018.

Le jeune homme apparaissant dans la vidéo, poursuivi pour « formation de bande criminelle, viol, agression sexuelle, chantage et calomnie », a par la suite été condamné en mai 2018 à 10 ans de prison ferme, alors que l’homme qui a filmé la scène, accusé de « complicité de viol », avait lui écopé de huit ans de réclusion.

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Dans le détail, la HACA reproche à Medina FM d’avoir employé, lors d’un journal diffusé le 29 mars 2018, les termes « criminel » et « accusé » pour qualifier les hommes visibles sur la vidéo. Pour le régulateur des médias audiovisuels, « la radio n’a pas respecté le principe de présomption d’innocence, en considérant que le concerné (l’homme visible sur la vidéo, ndlr) a effectivement commis une tentative de viol, tout en le présentant au public, alors que l’affaire était encore examinée par la Justice« . Verdict : la radio a été avertie par la HACA.

La même décision a été prononcée à l’encontre des chaînes de télévision Medi1TV et 2M. Dans le cas de la première, une intervenante lors de deux journaux télévisés diffusés le 28 mars 2018 avait désigné le principal suspect par le terme « criminel« , alors que la Justice ne s’était pas encore prononcée sur l’affaire. La chaîne 2M avait, elle, cité le prénom et le nom du suspect, son âge, ainsi que son adresse.