Pourquoi l'Académie de Casablanca compte détruire 830 classes

En un an, l'AREF de la région Casablanca-Settat aurait détruit 353 locaux scolaires et envisagerait d'en démolir 477 au cours de cette année. Interrogé à propos de cette information relayée dans la presse, le directeur de l’Académie régionale argue que cette démarche s'inscrit dans le cadre du programme national de lutte contre l’insalubrité des établissements scolaires.

Par

AREF de Casablanca-Settat.

Opération nettoyage pour le ministère de l’Éducation ? Au cours de l’année 2018, l’Académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF) de la région Casablanca-Settat aurait démoli 353 salles de classe dans la région et prévoirait d’entreprendre la démolition de 477 pour 2019. Cette information, relayée par Assabah dans son édition du 31 décembre, s’inscrit, selon le quotidien, dans la volonté du ministère de l’Éducation de mener à bien son programme de lutte contre l’insalubrité des établissements scolaires.

L’utilisation de laine de roche, un matériau d’isolation chimique considéré comme cancérigène, dans la construction de ces 830 locaux au total, serait, toujours d’après Assabah, la raison à l’origine de la démarche de l’AREF. Aussi, le quotidien affirme que le budget du ministère de l’Éducation alloué pour cette opération s’élèverait à 7 milliards et 360 millions de dirhams. Contacté par TelQuel, Abdelmoumen Talib, directeur de l’AREF Casablanca-Settat, dément cette information.

Aucun risque sanitaire

Sur un ton rassurant, Abdelmoumen Talib affirme que des salles de classe ont bien été détruites au cours de l’année précédente dans la région, mais le responsable nie le fait que ces opérations sont dues à la présence de laine de roche dans lesdits locaux : « Il s’agit tout simplement d’un programme de réhabilitation de ces salles qui s’inscrit dans le cadre du programme national de remplacement des salles préfabriquées par des salles en béton armé ». Selon Abdelmoumen Talib, l’utilisation de l’agent chimique dans la construction de ces salles serait limitée et ne concernerait que quelques unités scolaires situées en milieu rural.

A la question de savoir si ce matériau représente un risque sanitaire pour les personnes qui y sont exposées, comme l’avance Assabah, le directeur de AREF rétorque : « Il ne s’agit en aucun cas d’utilisation de matériaux cancérigènes. En ce qui concerne l’utilisation de la laine de roche, évoquée par quelques médias, il faut savoir qu’aucune étude scientifique n’a prouvé son caractère cancérigène. Par ailleurs, au niveau de la région, seules 41 unités scolaires situées dans le milieu rural contiennent cette matière. Ces salles ne sont pas fonctionnelles et ne présentent donc aucun danger ni pour les élèves ni pour les enseignants ». Et de poursuivre : « Il s’est avéré ensuite qu’elles n’offraient pas les conditions propices à l’apprentissage, d’où la nécessité de les remplacer ». 

Lutte contre les salles préfabriquées

Selon un document de l’Académie régionale, dont TelQuel détient une copie, l’institution adhère depuis 2018 au programme national de remplacement des unités préfabriquées initié par le ministère de l’Éducation nationale. L’objectif ? Construire de nouvelles unités scolaires afin d’élargir l’offre et de rapprocher entre eux les établissements, en particulier au niveau des zones enclavées.

C’est donc en vertu de ce programme que l’AREF de la région Casablanca-Settat a remplacé, au cours de l’année 2018, 353 salles préfabriquées type « chaabi » avec une toiture en amiante-ciment par des salles en béton armé. Pour financer cette première phase du plan d’action gouvernemental, le document indique que l’AREF a pu compter, en plus de son propre budget annuel, sur des partenariats noués avec plusieurs acteurs locaux, « particulièrement ceux qui entrent dans le cadre des programmes d’aménagement territorial ».

En 2019, l’AREF compte en effet procéder au remplacement de 477 salles de classe préfabriquées, nous indique Abdelmoumen Talib. Et, cette fois-ci, l’Académie régionale devra compter sur ses propres moyens et sur une enveloppe budgétaire de 76 millions de dirhams.