A Rabat, l’opération damage control du chef de la diplomatie japonaise

Pour la première fois en 31 ans, un ministre des Affaires étrangères japonais est en visite au Maroc. L’occasion pour Taro Kono d’apaiser des tensions avec le Maroc nées de la participation du Polisario à une réunion préparatoire du sommet Japon-Afrique.

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Point de presse conjoint à Rabat de Nasser Bourita et du ministre japonais des Affaires étrangères, M.Taro Kono Crédit: MAP

Taro Kono est arrivé ce lundi à Rabat, notamment pour réparer la relation maroco-japonaise lourdement affectée par les évènements survenus au mois d’octobre, lors d’une réunion de la commission préparatoire du prochain sommet Japon-Afrique (TICAD).

Une réunion qu’avait prématurément quittée la délégation marocaine menée par le ministre délégué à la Coopération africaine, Mohcine Jazouli, en raison de la participation du Polisario à cette rencontre.

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La diplomatie japonaise avait alors affirmé que «même si un groupe, qui se considère comme un Etat et que le Japon ne reconnaît pas, est présent dans cette pièce cela ne signifie pas que le Japon le reconnaît que ce soit de manière implicite ou explicite».

La réponse japonaise avait toutefois été jugée pas suffisamment claire par le Maroc. «Toutes les actions menées par le Japon n’ont pas pu préserver le format consacré de la TICAD, ni être en phase avec la légalité internationale pour être en cohérence et faire respecter la position nationale du Japon concernant la question du Sahara Marocain»,  avait alors déploré la diplomatie marocaine.

Une coopération à relancer

Pour exprimer son mécontentement le Royaume a, depuis cet incident, ramené la coopération avec le Pays du soleil levant à un niveau minimum, nous apprend une source diplomatique marocaine. C’est dans le but de relancer cette coopération et évoquer la prochaine réunion de la TICAD que Taro Kono a «insisté» pour se rendre à Rabat. Il s’agissait de la première visite d’un ministre des Affaires étrangères japonais en 31 ans.

Lors de sa rencontre avec son homologue marocain, Taro Kono a notamment insisté sur le fait que son pays «ferait son possible » pour préserver la relation entre les deux Etats. Il a également assuré que le Japon reconnaissait l’importance du rôle du Royaume dans le cadre de la coopération triangulaire, notamment en Afrique.

Pour le moment toutefois aucun consensus n’a pu être trouvé concernant la participation du Polisario aux prochains sommets conjoints Afrique-Japon. Toutefois, Mitsuko Shino, la porte-parole de la diplomatie japonaise, a déclaré à  l’issue de la rencontre entre les deux ministres: «nous avons de bonnes intentions pour résoudre cette question». Dans des propos relayés par la MAP, celle-ci a également affirmé que la visite du ministre des Affaires étrangères japonais à Rabat constituait un «bon geste».

Un format problématique

C’est sous couvert de «badges de la Commission de l’Union africaine» que la délégation de la RASD, menée par son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ould Salek, s’était introduite à la réunion préparatoire de la TICAD au mois d’octobre dernier. Néanmoins, les réunions impliquant les pays africains, comme celle de la TICAD, se tiennent dans le cadre du format du Caire. Celui-ci prévoit la participation de l’ensemble des pays africains reconnus par l’ONU, ce qui, de facto, exclut la RASD de ce type d’évènement.