En guise de protestation contre la participation d’une délégation de la RASD à une réunion préparatoire du sommet Afrique-Japon (TICAD) tenue ce 6 octobre à Tokyo, une délégation marocaine, menée par le ministre délégué chargé de la coopération africaine Mohcine Jazouli, a quitté la salle de ladite rencontre.
Voyageant avec des passeports diplomatiques algériens, c’est sous couvert de « badges de la Commission de l’Union africaine » que la délégation de la RASD, menée par son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ould Salek, s’est introduite dans la réunion. Suite au départ de la délégation marocaine, le ministre des Affaires étrangères japonais, Taro Kono, s’est exprimé devant l’audience pour affirmer que « même si un groupe, qui se considère comme un Etat et que le Japon ne reconnaît pas, est présent dans cette pièce cela ne signifie pas que le Japon le reconnaît que ce soit de manière implicite ou explicite ».
Manque de clarté
Si cette réaction japonaise semble faire référence à la RASD, elle est toutefois jugée par le Maroc comme manquant de clarté. «Toutes les actions menées par le Japon n’ont pas pu préserver le format consacré de la TICAD, ni être en phase avec la légalité internationale pour être en cohérence et faire respecter la position nationale du Japon concernant la question du Sahara Marocain », déplore le département de Nasser Bourita.
Le ministère des Affaires étrangères regrette également que « les autorités japonaises n’ont pas tenu compte de tous les engagements pris à l’égard du Maroc notamment à l’occasion de la rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères », tenue en marge de l’Assemblée générale des Nations unies organisée fin septembre à New York. « Le sujet avait pourtant été abordé lors de cette rencontre », nous précise une source diplomatique marocaine.
Pour Rabat, le Japon a fait « preuve d’hésitation » lors de cette réunion préparatoire du prochain sommet de la TICAD. Et d’estimer que la réaction de Tokyo « constitue un précédent avec les autres processus de partenariat menés par des pays partenaires soucieux de préserver la légalité internationale et leurs relations bilatérales avec le Maroc ». La diplomatie marocaine fait notamment ici référence à la Chine qui a accueilli le sommet Chine-Afrique à Pékin les 3 et 4 septembre derniers. Une rencontre à laquelle la RASD n’avait pas participé.
Respect des formats
Les réunions bi-régionales impliquant les pays africains, comme celle de la TICAD, se tiennent dans le cadre du format du Caire. Celui-ci prévoit la participation de l’ensemble des pays africains reconnus par l’ONU, ce qui, de facto, signifie la non participation de la RASD à ce type d’événement. Puisque celle-ci n’est pas reconnue les Nations unies.
Pour rappel, en août 2017, des altercations entre les autorités mozambicaines et des diplomates marocains avaient émaillé une autre réunion tenue dans le cadre de la TICAD. En cause : la participation de représentants du Polisario imposée par Maputo. A cette occasion, l’intervention des autorités mozambicaines avait été qualifiée d’ « agression » par Rabat. C’est donc pour éviter la reproduction de cette situation « regrettable » que la délégation marocaine à, cette fois-ci, choisi de quitter « calmement » la salle, nous indiquent des sources au sein de la diplomatie marocaine.
Du côté de Rabat on rappelle également que « conformèrent aux décisions prises à l’occasion du sommet de l’Union Africaine, qui s’est tenu à Nouakchott en juillet 2018, la question du Sahara Marocain ne doit être traitée que par la Troïka instituée lors du Sommet de l’UA ».
Une table ronde à l’horizon
Ces nouvelles tensions émergent alors que le dossier du Sahara sera discuté au Conseil de sécurité de l’ONU. C’est dans ce cadre que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a remis le 3 octobre une copie avancée de son rapport sur la Mission des Nations unies au Sahara (Minurso) dans lequel il plaide pour son maintien. Dans ce document, Antonio Guterres annonce également la tenue d’une table ronde à la Genève faisant office de « discussions préliminaires » pour la recherche d’une solution au conflit du Sahara organisée par son envoyé personnel, Horst Köhler.
La rencontre, qui se tiendra les 5 et 6 décembre, devrait accueillir le Maroc et le Polisario qui ont accepté l’invitation de l’ancien président allemand. Les réponses de l’Algérie et de la Mauritanie, invités en tant que pays voisins, se font toujours attendre.
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