"L’Afrique sera un acteur central du Pacte de Marrakech", le discours royal lu par El Othmani

Pour le roi Mohammed VI le défi de la conférence de Marrakech sur la migration est celui de montrer que la communauté internationale fait le choix d'une "solidarité responsable". Le souverain a également rappelé dans son discours lu par le Chef de gouvernement le 10 décembre que l'Afrique et le Maroc sont des acteurs essentiels dans le défi migratoire. 

Par

Yassine Toumi/TelQuel

A l’occasion de l’ouverture de la conférence de Marrakech sur la migration, qui a débuté ce lundi 10 décembre, le Chef du gouvernement, Saâdeddine El Otmani, a adressé le discours du roi Mohammed VI à la conférence intergouvernementale pour l’adoption du pacte mondial sur les migrations, approuvé par 150 États le jour même.

Le souverain a estimé que ce rendez-vous constituait l’occasion pour la communauté internationale de faire le « choix de la solidarité responsable » dans le défi que pose la migration à l’échelle planétaire. Soulignant toutefois qu’il appartient à ces mêmes acteurs de respecter pleinement le droit souverain de chacun de ses membres à déterminer et à mener sa propre politique migratoire.

Mohammed VI a également considéré qu’il incombe à la communauté internationale de prouver que le multilatéralisme « n’est pas le parti de la chaise vide, de la désertion et de l’indifférence », mais qu’« il est celui des synergies et de l’engagement dans la différence ». Il considère ainsi que cette conférence doit unir « face aux populismes, rassembler face à l’isolationnisme et apporter, par le dialogue et la coopération internationale, des réponses structurantes à un enjeu majeur de notre temps », notant qu‘ »aucun pays ne peut, à lui seul, faire face à ces enjeux. Or, s’il n’y a pas d’alternative à la coopération, il n’y a pas, non plus, d’alternative à l’action ».

Appel à l’action

Le souverain a également fait observer, que le pacte mondial sur la migration, adopté dans la matinée du 10 décembre, « n’est pas une fin en soi. Il ne fait sens que par sa mise en œuvre effective. C’est pourquoi, la conférence de Marrakech est, avant tout, un appel à l’action », précise-t-il. Dans ce sens, le roi a fait remarquer que l’Afrique « répond d’ores et déjà présent ! Elle n’entend pas être en marge ». Et de renchérit en ce sens en affirmant que soulignant que l’Afrique ne sera pas l’objet du Pacte Mondial. « Elle en sera un acteur. Un acteur central ». 

La feuille de route du royaume concernant le défi migratoire sera une des priorité aux yeux de Mohammed VI. Dans ce sens, le roi tient à préciser qu’une institution à part entière a d’ailleurs été créée, savoir l’Observatoire africain des migrations, qui aura son siège au Maroc et qui a été appuyé nommément par le pacte.

Et d’affirmer qu’entre le laxisme inacceptable et le tout sécuritaire insupportable, « il y a une voie que nous ouvrons aujourd’hui », celle qui « oppose la souveraineté solidaire au nationalisme excluant, le multilatéralisme à l’ostracisme, et la responsabilité partagée à l’indifférence institutionnalisée ».

De l’humanité dans l’ordre

En définitive, selon le souverain, « c’est de cela dont il s’agit : mettre fin au désordre, tout en mettant de l’humanité dans l’ordre”, notant que la page de l’Histoire qui s’écrit aujourd’hui à Marrakech porte la communauté internationale vers un nouvel ordre migratoire, plus juste et plus humain. Et d’insister dans le même temps sur l’intérêt que porte le Maroc pour la question migratoire, un intérêt qui n’est « n’est ni récent, ni circonstanciel ».  « Notre vision, c’est d’anticiper l’avenir, pour construire une mobilité ordonnée« , fait-il observer, affirmant que l’approche du royaume, c’est de « tendre avec constance vers un équilibre salutaire entre réalisme et volontarisme; entre intérêts légitimes des Etats et respect des droits humains des migrants ».

Rappelant que la « réussite nationale » de l’approche marocaine en termes de gestion migratoire a abouti a abouti à l’Agenda africain pour la migration, adopté à l’unanimité par la Conférence de l’Union Africaine en janvier dernier, le roi estime que c’est donc tout « naturellement » que la « vision » du pays à « l’échelle nationale et continentale », converge son engagement international à travers ce pacte.

Et de relever : « L’une et l’autre (les deux visions, ndlr) s’inscrivent dans la recherche constante de compromis novateurs, entre gestion des frontières et protection des droits humains des migrants, entre migration et développement. L’une et l’autre tendent vers la responsabilité collective, la souveraineté responsable et le pragmatisme humaniste. »

Notant que la question de la sécurité ne peut pas faire l’impasse sur les droits des migrants, le souverain déclaré que « la question migratoire n’est pas – et ne devrait pas – devenir une question sécuritaire. Répressive, elle n’est nullement dissuasive. Par un effet pervers, elle détourne les dynamiques migratoires, mais ne les arrête pas ». 

Avec MAP