Le pacte mondial des Nations unies pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (également connu sous le nom de Global Compact pour les migrants et les réfugiés – GCM) ne fait pas l’unanimité et continue de diviser en Europe, à l’approche de la date fatidique de la signature, les 10 et 11 décembre prochains à Marrakech. Plusieurs pays européens ont en effet manifesté leur refus de signer ce document Onusien, car selon eux certaines mesures ne collent pas avec leur politique nationale.
La chancelière allemande Angela Merkel, elle, sera présente bien le 10 décembre. Après un vif débat au Bundestag, le Parlement allemand a finalement approuvé le pacte mondial des migrations. 372 députés ont voté pour le document onusien, tandis que 143 étaient contre et 141 se sont abstenus. Pour le gouvernement allemand, ce pacte « sert les intérêts de l’Allemagne » et « ne ne porte aucunement atteinte à la souveraineté nationale » du pays, contrairement à ce qu’invoquaient ces détracteurs.
L’Italie quant à elle persiste à se positionner dans une politique migratoire protectionniste. Matteo Salvini, député européen et vice-président du conseil des ministres de l’Italie a bataillé pour que le décret-loi « durcissant les conditions d’obtention des permis de séjour et prévoyant une procédure d’expulsion d’urgence pour les demandeurs d’asile “dangereux” » passe. Chose faite, puisque le Parlement a voté, le 28 novembre pour ce texte de loi, précise l’Agence France-Presse (AFP). Lors de la même journée, le gouvernement italien a indiqué qu’il ne participerait pas au sommet de Marrakech sur les migrations. L’ancien gouvernement italien s’était pourtant engagé à « ratifier le texte », en 2016, tout comme 190 pays membres de l’Onu.
Hésitations et reports
La Bulgarie a emboîté le pas de la Hongrie et de l’Australie, en affirmant que Sofia souhaite se retirer du pacte, comme l’a indiqué le 12 novembre, un représentant du parti conservateur au pouvoir, relayé par l’AFP. « La position du gouvernement bulgare est de ne pas adhérer au pacte mondial pour la migration de l’ONU », a indiqué Tsvetan Tsvetanov, vice président du parti de droite GERB.
La Suisse est toujours dans l’hésitation, puisque le Conseil fédéral du pays a décidé d’attendre les débats au Parlement pour signer le pacte mondial. Ainsi, Berne ne participera pas non plus à la signature du document Onusien lors du sommet de Marrakech. Cette décision de reporter la décision a créé la surprise chez le Parti socialiste suisse qui est « scandalisé », comme le précise l’agence de presse suisse (ATS). Les partis de droite, le PLR et l’UDC se sont en revanche dits « satisfaits ». Ignazio Cassis, chef du département fédéral des Affaires étrangères de la Confédération suisse a estimé que le document élaboré par les Nations unies pouvait être signé plus tard.
Du côté de la Slovaquie, le parlement a demandé, le 29 novembre, au gouvernement de rejeter le pacte mondial sur les migrations, sous prétexte qu’il « violerait la souveraineté du pays », indique l’agence de presse espagnole EFE.
90 députés ont rejeté la signature du document des Nations unies, 15 l’ont approuvé, 31 se sont abstenus et 6 n’ont pas voté. Le premier ministre slovaque, Peter Pelligrini a annoncé, le 25 novembre, lors du sommet de l’Union européenne, que la Slovaquie ne va pas appuyer les Nations unies pour le pacte, écrit Reuters. Il faut rappeler que le ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajcak a menacé de démissionner si son pays ne participait pas au sommet de Marrakech sur les migrations.
Décision belge en suspens
La Belgique connaît aussi beaucoup de remous autour du Pacte. Un bras de fer oppose le premier ministre Charles Michel et le parti politique nationaliste flammad N-VA, le mieux représenté au sein de la Chambre des représentants. Le premier ministre avait affirmé le 14 novembre que la Belgique « signera à Marrakech en décembre le pacte global pour la migration. Ce texte est une avancée majeure qui clarifie les différents concepts et offre un levier pour une gestion organisée et maîtrisée de la mobilité internationale », rapporte RTBF.
Mais dans le même temps, le gouvernement belge a annoncé qu’il n’avait toujours pas pris de position officielle sur le pacte de l’Onu sur les migrations. « L’analyse de ce pacte et les discussions qui y sont liées sont en cours au sein du gouvernement. C’est un dossier sensible qui doit être discuté là où il doit l’être, c’est à dire au gouvernement », a indiqué un porte-parole du ministre belge de l’Intérieur.
Les Etats-Unis avaient été le premier pays à se retirer du pacte, lors des négociations. Depuis plusieurs pays ont suivi, tels que la Hongrie, l’Australie, la République Tchèque, Israël, la Pologne, et l’Autriche. Le pacte mondial des migrations est le premier outil international pour réguler le phénomène migratoire et renforcer la coopération entre les pays.
La représentante spéciale de l’ONU sur les migrations, Louise Arbour a expliqué ses désistements par la « xénophobie » et des « calculs de politique intérieure ».
«Les migrants sont un moteur extraordinaire de croissance» et ce «pacte pour une migration sûre, ordonnée et régulée […] est un pas sans précédent pour accroître la coopération internationale», avait plaidé en juillet le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de la validation du pacte par les pays Onusiens.
Le document de 41 pages a été négocié pendant plus de 18 mois, et sera formellement adopté et signé par ce qu’il restera des pays signataires lors du Global Compact pour les migrants et les réfugiés à Marrakech, la semaine prochaine.