Pour Amina Benkhadra, le sous-sol marocain est "sous-exploré"

Alors que la consommation énergétique marocaine est amenée à doubler durant la prochaine décennie, la directrice générale de l’ONHYM a appelé à une intensification des explorations dans le sous-sol marocain.

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Ex-ministre de l'Énergie du gouvernement Abbas El Fassi (2007-2012), Amina Benkhadra est directrice générale de l'ONHYM depuis 2003. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le Maroc veut intensifier les explorations de son sous-sol. C’est ce qui ressort de l’intervention de la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra, le 13 novembre à la chambre de commerce britannique à Casablanca lors d’une rencontre dédiée au potentiel du sous-sol marocain.

L’occasion pour la patronne de l’ONHYM de rappeler que le Maroc a fait le choix du développement par l’industrialisation, impliquant une croissance de la consommation énergétique. En 2012, la consommation d’énergie primaire s’est établie à 18 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), un chiffre qui devrait doubler à l’horizon 2020 et tripler d’ici 2030. Pour ce qui est de la consommation électrique, celle-ci passera de 31 térawatts-heures (TWH) en 2012 à 52 TWH en 2020 et puis à 95 d’ici 2030.

Pour subvenir à ces besoins, l’ONHYM « a mis en place une nouvelle stratégie énergétique avec pour objectif de booster et intensifier l’exploration des hydrocarbures sur tous les bassins sédimentaires marocains, à travers une politique basée sur un partenariat fort et efficace, » explique Amina Benkhadra.

Impulsion nouvelle

C’est dans cette optique que la recherche d’hydrocarbures a connu une nouvelle « impulsion », selon la patronne de l’ONHYM qui évoque l’acquisition de nouvelles techniques de prospection ayant notamment permis l’évaluation de bassins tels que la zone atlantique offshore Tanger-Terfaya et les zones onshore Gharb et Essaouira.

Par ailleurs, les activités de recherche d’hydrocarbures ont connu ces dernières années un regain d’intérêt, notamment en offshore. Un phénomène qui s’est traduit par un afflux de sociétés pétrolières internationales lesquelles ont opéré sur une superficie globale de près de 147.000 km². D’après la directrice générale de l’ONHYM, le Maroc dispose actuellement de 15 partenaires de renommée mondiale, ayant bénéficié de 86 permis de recherche, d’une autorisation de reconnaissance et de dix concessions. Les investissements réalisés par l’ONHYM et ses partenaires ont, entre 2000 et 2017, atteint 27,5 milliards de dirhams.

Des explorations notamment aidées par la promulgation du Code des hydrocarbures en 2000 qui a « marqué un tournant dans l’exploration pétrolière et gazière au Maroc », selon Benkhadra. Celui-ci comporte des incitations « très attractives » pour les actes d’exploration, notamment l’exonération totale de l’impôt sur les sociétés pendant 10 ans, de droits de douane, de TVA, de la taxe urbaine et de la taxe sur les terrains urbains non bâtis.

En vertu du Code, l’État détient une participation de 25% dans le permis de recherche et de la concession d’exploitation. Cette mesure, a fait remarquer Amina Benkhadra, « est de nature à rendre le Maroc plus attractif aux investissements dans un domaine fortement capitalistique et risqué ».

« Modestes découvertes »

Malgré cette nouvelle « impulsion », les bassins sédimentaires restent néanmoins « largement sous explorés » avec une moyenne de 0,05 puits pour 100 km², contre 10 puits à l’échelle internationale, a expliqué la patronne de l’ONHYM.

Selon cette dernière, les différentes activités d’exploration des hydrocarbures menées au Maroc, offshore ou onshore, ont mené à des découvertes « modestes », mais économiquement rentables, dans le bassin du Gharb Onshore ainsi qu’à des découvertes « encourageantes » de gaz et de condensat dans la région de Tendrara dans le Trias.

En plus, cinq sur huit puits forés en offshore atlantique, entre 2013 et 2018, ont montré des indices d’huile et de gaz à condensat, et deux ont mis en évidence des découvertes de gaz non commercial, prouvant ainsi l’existence de systèmes pétroliers viables dans cette zone et qui devront être conformés par une activité de forages d’exploration intense.