100 % des Africains de moins de 5 ans respirent un air pollué

Selon le dernier rapport de l'OMS, 93% des enfants de moins de 15 ans dans le monde respirent un air pollué. En Afrique, et dans les pays méditerranéens orientaux, 100 % des enfants de moins de 5 ans sont exposés à des niveaux de pollution atmosphérique supérieurs aux niveaux recommandés.

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L'air pollué du Caire, au dessus du Nil. Crédit: BluesyPete / WikiMedia

En 2016, 600.000 enfants sont décédés suite à des infections aiguës des voies respiratoires inférieures. En cause ? La pollution de l’air. Dans un nouveau rapport sur la contamination atmosphérique, réalisé entre 2000 et 2016, l’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme sur les taux trop élevés en hydrocarbures et en particules fines de l’air de la planète. A l’occasion de la première Conférence mondiale sur le sujet, tenue du 30 octobre au 1er novembre à Genève, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a renchéri dans ce sens : « La pollution de l’air constitue l’une des principales menaces pour la santé publique ».

Principale conclusion de l’étude : les enfants sont les premières victimes. « Chaque jour, près de 93% des enfants de moins de 15 ans dans le monde (soit 1,8 milliard d’enfants) respirent un air si pollué que leur santé et leur développement sont gravement mis en danger », s’inquiète l’OMS.

Ce sont les pays en développement qui subissent de plein fouet le phénomène : 97% des villes importantes n’atteignent pas les standards de l’OMS sur la qualité de l’air, indique le document. Derrière l’Asie, l’Afrique – particulièrement les zones rurales – et les pays méditerranéens orientaux sont les plus impactés par cette pollution.

Air africain ambiant et domestique pollué

L’étude note que la pollution de l’air sévit particulièrement en Afrique (Angola, Bénin, République démocratique du Congo, Gabon, Algérie, Kenya entre autres). D’après l’OMS, le contient détient le plus haut niveau d’exposition aux HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques – constituants naturels du charbon et du pétrole).

Cette contamination atmosphérique est due à « l’utilisation répendue du gasoil et des techniques domestiques utilisant régulièrement des combustibles pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage, lesquels sont polluant », explique le texte, qui établie également une corrélation entre la pauvreté et ce phénomène. En cause notamment : « le manque d’informations [en Afrique] concernant les effets d’une mauvaise qualité de l’air sur la santé et sur l’utilisation de ressources alternatives ».

Les jeunes enfants en ligne de mire

Le rapport alarme surtout de l’impact de cet air toxique sur les plus jeunes. Tedros Adhanom Ghebreyesus déclare à ce sujet : « La pollution de l’air empoisonne des millions d’enfants et détruit leur vie ». En effet, dans le monde, 93% des enfants sont touchés, et parmi eux 630 millions ont moins de cinq ans, souligne le document de près de 180 pages. En Afrique, 100% d’entre eux respirent chaque jour cet air empoisonné.

Dans les pays à « revenu faible et intermédiaire », ce sont 98% des moins de cinq ans qui inhalent des niveaux de particules fines (PM 2,5) supérieurs aux niveaux préconisés par l’OMS. En Afrique, la présence d’un taux trop élevé de HAP et de PM 2,5 dans l’air ambiant (extérieur), mais aussi dans l’air à l’intérieur des habitations, entraîne des infections aiguës des voies respiratoires chez les très jeunes enfants.

Et à l’organisation sanitaire d’expliquer : « L’une des raisons pour lesquelles les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets de la pollution de l’air tient au fait qu’ils respirent plus rapidement que les adultes et absorbent ainsi davantage de polluants. Ils vivent aussi à une moindre distance du sol, où certains polluants atteignent des concentrations record – à un moment où leur cerveau et leur corps sont en plein développement ». Aussi, les femmes enceintes exposées à un air pollué, « risquent davantage d’accoucher prématurément, et de donner naissance à des nouveau-nés de faible poids ». 

Pour les plus jeunes, ce lourd tribut de la pollution « affecte le développement neurologique, conduisant à des résultats plus faibles aux tests cognitifs, et a des conséquences négatives sur le développement mental et moteur », ou encore « endommage les fonctions pulmonaires des enfants, même à des taux d’exposition faibles », déplore l’OMS.

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