Le lundi 22 octobre, le tribunal de première instance d’Agadir rendra son jugement dans l’affaire du supporter du Hassania d’Agadir. Son tort ? Avoir brandi un drapeau de l’Espagne lors d’un match de football. A 21 ans, Mustapha Boumezzough risque jusqu’à cinq ans de prison et 100.000 dirhams d’amende pour « outrage à l’emblème et aux symboles du Royaume commis en rassemblement » (article 267-1 du Code pénal).
Le 30 septembre dernier, le Hassania d’Agadir recevait l’Olympique de Khouribga pour le compte de la 3e journée de la Botola. La rencontre avait été marquée par des coups de sifflet et des huées entendues durant l’hymne national. Des drapeaux espagnols ont également été aperçus dans la Curva Sud, où les ultras du club gadiri – les Imazighen – ont pris l’habitude de s’installer. Après le match, des slogans « Le peuple veut renoncer à la nationalité » et « Viva l’Espagne » ont été scandés dans les travées du stade d’Adrar. Ces événements correspondent en tout point à ceux observés la veille, à Tétouan, lors du match opposant le Moghreb local au Kawkab Marrakech.
Si Mustapha Boumezzough – employé dans une coopérative d’huile d’olive de son village d’Inchaden, dans la province de Chtouka Aït Baha – affirme avoir brandi le drapeau espagnol lors du match, « il nie l’avoir fait lors de l’hymne national« , nous apprend son avocat, maître Houcine Bekkar Sbaï. « Il nie également avoir hué l’hymne national et avoir scandé les slogans appelant à renoncer à la nationalité marocaine« , ajoute-t-il.
Selon l’avocat, qui s’appuie sur les éléments de l’enquête, les enquêteurs de la police judiciaire ont identifié sur des photos de la tribune des supporters onze personnes qui se tenaient à proximité des deux drapeaux espagnols arborés pendant le match. Quatre d’entre eux ont été poursuivis, dont trois en état de liberté conditionnelle, Mustapha Boumezzough étant le seul en état d’arrestation à la prison locale d’Aït Melloul.
Cela est dû au fait que Mustapha Boumezzough a été interpellé en possession du drapeau espagnol. « Pourtant, mon client n’a été interpellé que le 3 octobre, soit quatre jours après les faits pour lesquels il est poursuivi, ce qui signifie que la procédure de flagrant délit n’a pas à être appliquée« , soutient Maître Sbaï, qui a demandé au juge une libération conditionnelle du jeune homme lors de l’audience du 18 octobre, une requête que la Cour a refusée avant de se retirer pour délibérer.
A Tétouan, dix-neuf supporters du Moghreb local sont poursuivis dans le cadre des événements de la journée du 28 septembre. Parmi eux, neuf mineurs. Les chefs d’accusation vont de l’ »outrage au drapeau national » à la « manifestation non autorisée » et à la « destruction de biens publics et privés ». Dans la nuit du 17 au 18 octobre, un activiste local a été condamné à deux ans de prison ferme pour « outrage aux symboles de la nation », « propagation de la haine » ou encore « appel à l’insurrection civile ». Il avait relayé sur son profil Facebook, un communiqué des Ultras Matadores, dans lesquels ceux-ci annonçaient une manifestation avant le match pour dénoncer la mort de Hayat Belkacem.
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