Macron et Philippe opèrent un large remaniement gouvernemental

Après deux semaines d'attente et de négociations, la France a depuis le 16 octobre au matin un nouveau gouvernement, qui a dû être remanié après le départ fracassant début octobre du ministre de l'Intérieur et qui voit l'entrée de plusieurs nouvelles personnalités, dans un contexte de forte impopularité du président Macron.

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Emmanuel Macron en Conseil des ministres le 5 septembre 2018, face à son Premier ministre Edouard Philippe. Crédit: Ludovic MARIN / AFP

Ce gouvernement est censé apporter un « second souffle » au quinquennat d’Emmanuel Macron, très bas dans les sondages après un été et une rentrée chaotiques.

La politique d’Emmanuel Macron a été perçue comme inégalitaire ces derniers mois par une partie de l’opinion. Sa popularité a aussi reculé dans plusieurs sondages à la suite de l’affaire Benalla, du nom d’un ancien collaborateur accusé de violences.

Selon l’Elysée, le gouvernement représente « une équipe renouvelée (…) mais dont le mandat politique reste le même ». « Cette équipe gouvernementale va inscrire son action dans la continuité de la politique menée par le gouvernement et du calendrier des réformes pour les mois à venir », a ajouté la présidence.

Ce remaniement, annoncé par communiqué, a donné lieu à d’intenses consultations menées notamment par le président et le Premier ministre Edouard Philippe.

Initialement prévu pour être annoncé lundi, il a été reporté en raison des inondations meurtrières ayant frappé le sud de la France dans la nuit de dimanche à lundi (12 morts). M. Macron avait souhaité que le gouvernement soit disponible auprès des sinistrés, a précisé son entourage.

Au total, le gouvernement compte huit entrants.

C’est un proche d’Emmanuel Macron, Christophe Castaner, 52 ans, qui a été nommé ministre de l’Intérieur en remplacement de Gérard Collomb, dont la démission surprise le 2 octobre – suivant de peu celle d’un autre pilier du gouvernement, Nicolas Hulot – avait ouvert une période de flottement en France, dans un contexte de menace terroriste.

M. Castaner occupait jusque-là le poste de secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement et était également à la tête du parti présidentiel, La République en marche.

Il sera épaulé de Laurent Nuñez, actuellement à la tête du service de renseignement intérieur (DGSI) et nommé secrétaire d’Etat auprès de lui.

En pleine grogne des élus locaux en France, Jacqueline Gourault est nommée à la tête d’un grand ministère des Territoires, avec à ses côtés Sébastien Lecornu, nommé ministre auprès d’elle chargé des Collectivités territoriales, et Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement. Elle remplace Jacques Mézard, qui quitte le gouvernement.

L’ex-cadre du parti Les Républicains (droite), Franck Riester, est nommé ministre de la Culture à la place de Françoise Nyssen, remerciée. Cette figure du monde de l’édition a été empêtrée dans plusieurs dossiers, et a été récemment indirectement visée par une enquête judiciaire sur des travaux dans les bureaux parisiens des éditions Actes Sud qu’elle a pilotées avant de devenir ministre.

Le centriste Marc Fesneau (Modem) devient ministre auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement, en remplacement de M. Castaner.

Au poste de ministre de l’Agriculture, le sénateur de la Drôme (sud) Didier Guillaume remplace Stéphane Travert, un ancien socialiste comme lui.

Au total, le gouvernement voit aussi les arrivées de plusieurs secrétaires d’Etat (Emmanuelle Wargon, Christelle Dubos, Agnès Pannier-Runacher et Gabriel Attal).

D’abord pressentie a minima, la refonte de l’équipe gouvernementale a gagné en profondeur au fil des jours.

Un temps évoquée, l’hypothèse d’une démission du gouvernement et d’un nouveau discours de politique générale d’Edouard Philippe devant l’Assemblée nationale a été écartée en début de semaine dernière.

Le temps pris pour finaliser la nouvelle équipe gouvernementale, très inhabituel en France, a concentré les critiques de l’opposition en France, qui avait dénoncé une « immense fébrilité au sommet de l’État, avec une succession de couacs et une incapacité à tracer un cap ».

L’opposition avait notamment estimé qu’un « conflit » opposerait Emmanuel Macron et Edouard Philippe sur l’architecture du prochain gouvernement.

Le tout jeune mouvement politique d’Emmanuel Macron, La République en Marche, manque de poids lourds susceptibles de peser dans un gouvernement. L’exécutif, sans nier des « discussions », avait balayé ces rumeurs de désaccord.

Cette semaine est en outre en France marquée par des dossiers internationaux pour le président, qui a reçu lundi son homologue sud-coréen et reçoit mercredi le Premier ministre japonais, avant de se rendre à Bruxelles pour un sommet européen crucial sur le Brexit.

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