Rabat et Madrid négocient le rapatriement de mineurs marocains irréguliers en Espagne

Selon le ministère de l’Intérieur espagnol, le rapatriement de près de 7.700 mineurs marocains se trouvant sur le territoire espagnol de façon illégale fait actuellement l'objet de négociations entre les deux pays. Une annonce qui laisse le maire de Melilia dubitatif.

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Sans papiers, ces mineurs non accompagnés sont difficilement identifiables. Crédit: AFP

Le rapatriement de milliers de mineurs marocains irréguliers en Espagne serait actuellement au cœur de concertations entre les autorités marocaines et espagnoles. C’est ce qu’a annoncé lors d’une conférence de presse tenue le 4 octobre à Melilia, Ana Botella, la secrétaire d’État à la sécurité espagnole, a rapporté le site d’information Europa Press.

Pour rappel, le gouvernement espagnol estime le nombre de migrants de moins de 18 ans non accompagnés sur son territoire à plus de 10.000, avait déclaré début septembre auprès de l’EFE la ministre de la Santé, Carmen, Monton. 70% d’entre eux (soit 7.700) seraient enregistrés comme marocains  selon la même source.

Questionnée, à l’occasion du Comité bilatéral de la migration tenu le 14 septembre à Essaouira, à propos de la présence de ces jeunes migrants sur le territoire espagnol, Ana Botella avait déclaré que les autorités marocaines avaient fait part de leur volonté d’entreprendre des négociations quant à un plan de rapatriement. Une information que le numéro deux de l’Intérieur espagnol confirme de nouveau lors de son déplacement à Melilla.

Probable collaboration

Durant cette rencontre bilatérale entre Rabat et Madrid, « le Maroc a exprimé son intérêt de travailler en coopération », assure Ana Botella. Les responsables des deux pays auraient ainsi « analysé les différentes possibilités de collaboration autour de la problématique des mineurs marocains, avec comme objectif leur retour parmi leurs familles », précise un communiqué de l’agence de presse espagnole EFE rapportant les propos d’Ana Botella. Et à la responsable d’ajouter que : « L’Espagne mettra tous les moyens à disposition des autorités marocaines » pour réaliser cette opération.

La secrétaire d’État à la sécurité a également informé que « l’Espagne devait mener à bien une série de procédures à cet égard, étant donné que la loi espagnole est très stricte vis-à-vis de la législation sur la protection des enfants ». D’après le ministère de l’Intérieur espagnol, cité par El Pais, la présence de ces jeunes Marocains irréguliers constituerait une « question très sensible à laquelle le gouvernement de Pedro Sanchez prête toute son attention », admet-elle.

Quelques jours avant le déplacement de Ana Botella à Melilla, la secrétaire d’Etat espagnol à l’immigration, Consuelo Rumí, en déplacement à Rabat avait demandé à son homologue marocain, Abdelkrim Benatiq de « démonter le mensonge du rêve européen ».

Volonté mise en doute

Suite à ces annonces, le président de Melilla, Juan José Imbroda, a déclaré de son côté qu’il soumettra au ministère de l’Intérieur espagnol la liste des 400 enfants marocains actuellement présents dans sa ville, rapporte l’EFE le 4 octobre. La même source indique également que Juan José Imbroda s’est « d’ailleurs étonné du fait que la secrétaire d’État à la sécurité en visite à Melilia, avait uniquement informé la presse et non les deux villes autonomes ». « Comment se fait-il que nous n’ayons pas été informés, alors que ça fait de nombreuses années que nous demandons cela ? « , s’est-il questionné.

Dubitatif quant à la supposée volonté du Maroc de rapatrier au Royaume ces milliers de migrants mineurs, José Imbroda avance ne « pas croire totalement » en cette démarche. En témoigne, selon lui, « une liste de 200 mineurs » ayant déjà été présentée « il y a plus de six mois, sans faire l’objet d’une réponse des autorités marocaines ».

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