Les premières règles constituent un moment incontournable dans la vie d’une femme. Pourtant, cette étape marquante demeure difficile à aborder sans gène ni maladresse au sein du foyer familial. C’est sur ce sujet intime, souvent tabou, que la filiale d’Ali n’ Production Jawjab, a porté son intérêt. Le studio créatif a demandé à des dessinatrices marocaines d’illustrer des témoignages de femmes racontant leurs premières menstruations.
Le résultat ? Une série de capsules édifiantes, baptisée « First Blood », et diffusée sur la plateforme de Jawjab. L’hémoglobine était présente, le 1er octobre lors d’un happening faisant office d’avant-première, dans les locaux de la start-up situés dans le quartier Bourgogne de Casablanca. En témoigne le décor spécialement prévu pour l’événement : des murs intégralement recouverts de bâches blanches, maculées de tâches aux allures de projections de sang.
Le Directeur général de Jawjab et co-producteur de First Blood, Youssef Ziraoui, aborde le sujet de la série : « La thématique des premières menstruations sans jugement ni gravité. Ici, la parole féminine prime. Chacune est invitée à s’exprimer sur ce sujet durant une minute, sans interruption. » Il s’agit d’un « parti pris féministe qui s’applique également dans le choix des dessinatrices chargées d’illustrer les propos via des dessins animés. »
Libérer la parole
Ce « choix féministe » s’inscrit dans l’ADN de Jawjab, qui ambitionne de libérer la parole, tout en valorisant « la femme marocaine dans sa pluralité comme dans ses combats quotidiens », poursuit Youssef Ziraoui. Un leitmotiv présent dans la série vidéo Koun – où des femmes évoquent les problématiques liées à leur corps et sa perception dans la société marocaine – ou encore la série Marokkiat lancée en 2017, qui évoquait des profils de femmes atypiques.
Rita el Quessar, à l’origine du projet « First Blood », évoque l’esprit pédagogique de la série. « Le seul moyen d’évoquer un sujet aussi sérieux, c’est d’en rire. On rit de nous-mêmes, de nos anecdotes communes voire même de nos moments difficiles. C’est notre seule arme pour décomplexer des sujets graves et casser les stéréotypes », théorise-t-elle.
Pour finir avec le « manque de dialogue autour de cette thématique », Sara El Khattabi a mis en images des scènes et des personnages qu’elle n’a jamais vu, mais dont l’histoire est « récurrente » au Maroc : « Une jeune fille imaginant un moment grave, voire dramatique, qui se retrouve finalement face à quelque chose de banal pour nous toutes. »
Après un premier volet (quatre épisodes) consacré aux premières règles, le studio créatif se penchera sur les hommes en abordant la circoncision, nous dévoile Youssef Ziraoui. « Une deuxième saison est également en préparation », confie-t-il, sans pour donner toutefois pour le moment d’autres précisions.
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