Inflation, croissance, risques et prévisions... Les principaux indicateurs de BAM

Le wali de Bank Al Maghrib a présenté le 19 juin son rapport sur la politique monétaire pour le premier trimestre 2018. Pour cette année, la banque centrale prévoit un pic d'inflation à 2,7% et une croissance à 3,6%. Le taux directeur est maintenu à 2,25%.

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Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri. Crédit: Rachid Tniouni/TELQUEL

Le wali de la banque centrale passe les chiffres de l’économie nationale au peigne fin. Lors d’une réunion du conseil de Bank Al-Maghrib, le 19 juin, Abdellatif Jouahri a détaillé les agrégats macroéconomiques du Royaume, ainsi que les prévisions de Bank Al Maghrib (BAM) pour les prochaines années.

Sur les bases des chiffres de l’économie internationale, des chiffres de l’inflation et de la croissance nationale, le conseil de la banque centrale a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25 %.

Jouahri rassure sur l’inflation

Pour les quatre premiers mois de l’année 2018, l’inflation a grimpé à 2,7 % contre 1,2% au quatrième trimestre 2017. Une hausse due, selon le gouverneur de la banque centrale, aux « hausses notables des prix des produits alimentaires à prix volatils et des tarifs des produits réglementés ».

Pour Jouahri, cette augmentation résulte du changement de structure du panier de référence de l’indice des prix à la consommation initié par le HCP en mars dernier. Parmi les principaux changements du panier, la part des « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » a reculé de deux points alors que celle des « produits non alimentaires » a augmenté avec notamment des hausses pour l’enseignement et la santé.

Ces chocs restent « temporaires » selon le wali. Pour lui, l’inflation sur l’année 2018 devrait atteindre 2,4%, avant de se stabiliser à 1,4% en 2019. « Si nous excluons le choc de 2018, nous restons pour 2019 à des niveaux qui entrent dans le cadre de notre cible d’inflation que nous disons autour de 2%», explique Abdellatif Jouahri.

Concernant le marché du travail, le premier trimestre 2018 a été marqué par une hausse de 0,8 % du nombre d’actifs, avec une progression de 1,2% dans le milieu urbain et 0,2% dans le rural. L’économie nationale a ainsi créé 116.000 emplois, dont 50.000 dans les services, 43.000 dans l’agriculture et 32.000 dans le BTP. L’industrie a quant à elle perdu 9.000 emplois par rapport au dernier trimestre 2017, rappelle BAM qui cite le HCP.

Le taux de chômage est ainsi descendu à 10,5 % contre 10,7 % au trimestre précédent.

L’agriculture tire (encore) la croissance

Au titre de l’année 2017, la croissance s’est établie à 4,1% contre 1,1% une année auparavant. Une croissance tirée par une année agricole exceptionnelle, puisque ce secteur a connu un accroissement de 15,4 % de la valeur ajoutée agricole. Les activités non agricoles ne se sont accrues que de 2,7 % en 2017.

Pour 2018, BAM table sur une croissance de 5,7% de la valeur ajoutée agricole, grâce à une campagne agricole réussie. Cette valeur ajoutée redescendra à 1,7% en 2019, sur la base d’une campagne agricole dans la moyenne.

La croissance nationale sera ainsi de 3,6% en 2018, puis de 3,1% en 2019, selon les prévisions de la banque centrale.

Dans son rapport 2017, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit quant à lui une croissance du PIB marocain pour 2018 à 3%. L’institution de Bretton Woods prévoit également une accélération à 4 % en 2019 et à 4,5 % en 2022.

BAM note que malgré le contexte économique international, notamment la politique commerciale poursuivie par Trump et les changements politiques de certains pays européens (Italie et Allemagne), la croissance au niveau international reste soutenue. Pour l’Union européenne notamment, la hausse du PIB serait de 2,3 % en 2018. La progression du PIB américain atteindra 2,7 % cette année.

Boycott et carburants, un risque pour les indicateurs économiques ?

Comme à l’accoutumée, BAM se penche également sur les «risques» pour l’économie marocaine. « Plusieurs risques entourent le scénario central de prévision qui, en cas de leur matérialisation, peuvent affecter la projection centrale», note le rapport.

Au rang de ces risques pour les perspectives de l’activité économique, le rapport relève que « la demande étrangère pourrait être négativement impactée par la montée des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, l’intensification des inquiétudes quant à l’orientation de la politique commerciale de l’administration américaine ainsi que par la fragilité du système financier dans certains pays de la zone euro et en Chine ».

Sur l’inflation, c’est le cours des produits énergétiques qui pourraient exercer une pression. «Ce dernier pourrait, en effet, avoir un impact direct sur les prix des carburants et induire des effets de second tour sur les prix à la consommation à travers les coûts de production», relève le rapport.

Abdellatif Jouahri a par ailleurs rappelé dans son intervention que « le baril de Brent devrait redescendre à 62,5$ en 2019, mais il est actuellement largement au-dessus des 60$ retenu par la loi de finances (à 67$) ».

« Au niveau national, la campagne de boycott visant certains secteurs constitue une source non négligeable de pressions à la baisse sur l’activité économique, » indique encore le rapport. Abdellatif Jouhari insiste néanmoins sur le fait qu’il n’a pas le recul suffisant pour étudier un éventuel impact macroéconomique.

« Ce sont des choses que l’on doit regarder de très près, non pas à un moment donné, mais sur un plan évolutif. C’est pour cela que je dis que je n’ai pas le recul suffisant pour voir l’impact. Les entreprises sont les seules habilitées à pouvoir communiquer sur l’aspect microéconomique. Sur l’aspect macroéconomique, il faudrait aller piocher dans les détails des statistiques qui n’ont pas encore été publiées par le HCP», déclare-t-il.

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