Alors que le Conseil de la FIFA, réuni ce 10 juin à Moscou, a approuvé la candidature du Maroc à l’organisation du Mondial 2026, et que les deux camps affûtent leurs dernières armes et préparent leurs ultimes arguments en vue de faire basculer quelques votes, le moral du côté du comité marocain est en berne. Selon une source proche de Morocco 2026, les chances du Royaume sont « très faibles ». Un autre interlocuteur au sein de l’équipe marocaine se montre plus tempéré, affirmant que « rien n’est encore joué, absolument rien ». Au vu du nombre de soutiens officiellement affichés pour les deux dossiers, rien ne suggère pourtant cette posture défaitiste adoptée par la team Maroc. Mais au vu des inconnues de ce scrutin, ses craintes peuvent se justifier. Explications.
Un bloc africain qui s’effrite
Depuis quelques semaines, l’équipe chargée de la candidature américaine enchaîne les déplacements en jets privés, particulièrement en Afrique, où le bloc continental voulu par le président de la CAF Ahmad Ahmad pour soutenir le Maroc est peu à peu en train de se fissurer. Car après avoir vu les fédérations sud-africaine, libérienne et namibienne soutenir le dossier du trio nord-américain, le Maroc a perdu un autre allié présumé, le Zimbabwe.
C’est à l’issue d’une visite effectuée à Harare par United 2026, le 8 juin, que le président de la fédération zimbabwéenne Philip Chiyangwa a annoncé le soutien de son pays à la candidature nord-américaine, précisant qu’il bénéficie même de « la bénédiction du gouvernement », et en particulier du ministère des Affaires étrangères. Des déclarations qui suggèrent donc une implication politique dans les affaires de la fédération et, par voie de conséquence, une violation des règles de la FIFA – quelques jours seulement après une visite du chef du Polisario, Brahim Ghali.
Les récents développements semblent donc suggérer un morcellement de l’unité africaine voulue par le président de la CAF, alors que le président américain Donald Trump avait menacé, au mois d’avril dernier, les pays ne soutenant pas le projet United 2026. D’autant que selon des sources citées par nos confrères de Medias24, « la diplomatie américaine s’est mobilisée dans tous les pays pour obtenir un vote favorable au dossier United 2026, en relayant les propos de Trump« .
Une Amérique solidaire de United 2026
Alors que la fédération ghanéenne a été dissoute suite à un scandale de corruption, une autre fédération, celle du Guatemala, a été réintégrée par la FIFA, près de 18 mois après son exclusion pour les mêmes raisons. L’annonce de cette réintégration, survenue le 31 mai, intervient quelques jours seulement après la nomination, le 18 mai, d’un comité chargé de la normalisation du football guatémaltèque, et l’échec d’une commission similaire quelques mois plus tôt.
On notera toutefois que la participation du Guatemala au vote du 13 juin pourrait toutefois dépendre d’une autorisation de la confédération nord-américaine, la CONCACAF, qui compte les trois pays nord-américain candidats à l’organisation du Mondial 2026. Dans cette région, seule la Dominique, Saint-Christophe-et-Niévès et Sainte-Lucie ont affiché leur soutien à la candidature Maroc 2026.
Plus au sud, le Royaume ne pourra même pas espérer grappiller quelques votes à la confédération sud-américaine (CONMEBOL). En effet, dans un article publié le 4 juin, le site d’information sportive ESPN affirmait que le groupement sud-américain a refusé une demande de présentation de dossier de la candidature du Maroc. Dans la missive envoyée à la Fédération royale marocaine de football (FRMF) justifiant ce refus, le CONMEBOL réaffirme son « engagement » au côté du projet United 2026.
L’inconnue eurasiatique
Pour le comité de candidature marocain, il ne reste donc plus que les voix européennes, asiatiques et océaniennes à prendre. En Asie, et plus particulièrement au Moyen-Orient, les chances de la team Morocco 2026 semblent compromises, après l’annonce du soutien de l’Arabie saoudite, le 4 juin, à la candidature nord-américaine. Selon le New York Times, Riyad a même « aidé à organiser des réunions avec des fédérations», lui apportant possiblement « des dizaines de voix » sur le continent asiatique. Dans cette zone, seuls le Myanmar et la Palestine ont officiellement promis leur voix à la candidature marocaine.
En Europe, le Maroc n’a officiellement bénéficié que du soutien de la France et de la Belgique. Si un vote des fédérations ibères en faveur de la candidature marocaine semble acquis, un doute subsiste quant à celui des fédérations d’Europe centrale et de l’est. On notera toutefois que la Russie, à travers le représentant de la fédération russe de football Pyutr Barkalov, avait annoncé son soutien officiel à la candidature marocaine, ce qui pourrait influencer les pays se situant dans la région.
A l’heure actuelle, aucune fédération océanienne n’a déclaré son soutien à l’une ou l’autre des candidatures. Néanmoins, les Samoa américaines devraient logiquement voter en faveur des Etats-Unis, tandis que la fédération tahitienne pourrait choisir la voie empruntée par la France, tout comme la Nouvelle-Calédonie. Il reste donc 13 voix à recueillir au sein de cette confédération.
A l’heure de la publication de ces lignes, dans son « tracker » consacré au vote du 13 juin, le New York Times estime à 17 le nombre de soutiens du Maroc. Selon le journal new-yorkais, 9 fédérations penchent vers le Maroc, tandis que les soutiens officiels de la candidature nord-américaine sont estimés à 23.
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