Nabil Ahamjik lors de son procès: “le hirak a été un test pour plusieurs institutions”

L'interrogatoire de Nabil Ahamjik s'est terminé mardi 8 mai au soir à la Cour d'appel de Casablanca. Il était le dernier des 54 détenus du Hirak à comparaître devant le président de la Chambre criminelle de cette cour.

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Nabil Ahamjik. Crédit: DR

Un goût d’inachevé. C’est le ressenti général parmi le public au moment où Nabil Ahamjik rejoint le box des accusés, après la fin de son interrogatoire par le juge Ali Torchi à la barre de la salle 7 de la Cour d’appel de Casablanca. Quelques secondes auparavant, il prit la permission de prononcer un dernier mot.

« Ce Hirak est une chance en or pour nos responsables, afin qu’ils passent en revue leurs politiques publiques. Ce mouvement a été un test pour plusieurs institutions : le gouvernement, le Parquet, les forces de l’ordre. Nos espoirs reposent aujourd’hui sur la Justice« , conclut-t-il, sous les applaudissements de l’assistance. La séance est levée.

Une quinzaine de minutes plus tard, le juge annonçait le report du procès au mardi 15 mai, et ordonnait la convocation des 31 témoins du dossier. Le procès du Hirak entre ainsi dans sa dernière ligne droite. Viendront ensuite les plaidoiries des avocats, le réquisitoire du procureur, et enfin le verdict.

Plus tôt dans la journée, Nabil Ahamjik était confronté à ses publications Facebook, retenues par les enquêteurs comme pièces à convictions à charge. L’une d’entre elles remonte au 15 mai . Il s’agit d’un communiqué signé par le comité de communication du Hirak, dénonçant les accusations de « financements étrangers et de séparatisme » de la part de la majorité gouvernementale. Le communiqué en question indique également que le Hirak n’avait à ce moment-là « reçu aucune invitation officielle au dialogue de la part d’aucune partie« .

Devant le juge, Nabil Ahamjik lit à voix haute l’intégralité du communiqué, puis déclare ne pas l’avoir rédigé lui-même, et assure l’avoir copié-collé sur son mur Facebook. Interrogé par Ali Torchi sur « le comité de communication du Hirak« , il explique que cette signature a été choisie pour « donner au Hirak un aspect responsable« . A propos de l’usage de l’expression « le système makhzénien » figurant dans la communication du mouvement, il précise qu’elle fait référence aux « corrompus qui empêchent le développement du pays, aux lobbys de l’immobiliers, aux chefs d’entreprises« .

L’attention se porte ensuite sur une publication datée du 22 avril 2017, où Nabil Ahamjik salue les efforts d’un certain comité de l’Andalousie, pour son soutien au Hirak d’Al Hoceïma. Placide, le n°2 du mouvement assure que l’appellation « comité de l’Andalousie » fait référence au lieu où se trouvent les militants, en l’occurrence à Malaga.

Ces prédécesseurs à la barre ont pour la plupart été interrogés sur l’existence de comités internes (communication, slogans, finances) et externes (Bruxelles, France, Andalousie). Pour les enquêteurs, ces comités prouvent que le Hirak possédait des structures organisées. Devant le juge, les accusés ont catégoriquement nié tout rapport direct avec les « comités de l’étranger« , tout en jurant que le Hirak s’organisait de façon spontanée avant, pendant et après les manifestations et les sit-ins. Les tâches étaient conférées aux volontaires, qui n’assumaient plus aucune responsabilité après la fin des mobilisations.

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