Sahara: sauf blocage, une résolution de l'ONU (très) favorable au Maroc

Dans un projet de résolution de l'ONU sur la MINURSO, le Polisario est appelé à se retirer de la zone de Guergarat et à ne plus recourir "à des actions déstabilisatrices à l'est du mur". L'Algérie est, elle, invitée à plus d'implication dans les discussions relatives au Sahara.

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Réunion du Conseil de sécurité.
Réunion du Conseil de sécurité. Crédit: AFP

Par Yassine Majdi, avec Salima Yacoubi Soussane à New York

Le Maroc finira-t-il par obtenir gain de cause suite aux récentes tensions dans le dossier du Sahara ? C’est ce que semble indiquer un draft (brouillon) de la résolution rédigée par les Etats-Unis en tant que « pen holder » du Groupe des Amis du Sahara, qui comprend aussi l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, la Russie, et les Etats-Unis. Le texte revient en détail sur les récents développements à l’est du mur de défense marocain.

Les six pays y appellent également, pour la première fois dans un projet de résolution du Conseil de sécurité, à la résolution politique du conflit dans un « esprit de réalisme et de compromis« .

Une référence au dernier rapport du secrétaire général de l’ONU sur le Sahara où cette notion avait déjà été introduite par l’ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Peter Van Walsum. Ce dernier avait écarté l’option d’un Sahara indépendant.

« Le Conseil de sécurité prend note de la proposition marocaine présentée le 11 avril 2007 au Secrétaire général et se félicite des efforts sérieux et crédibles déployés par le Maroc pour faire avancer le processus vers une résolution, » projette également le draft.

Prise de responsabilité onusienne

Le groupe de six pays fait part dans son draft de son « inquiétude » concernant la « présence du Front Polisario dans la zone tampon de Guergarat, et appelle à son retrait immédiat« . Le Conseil de sécurité avait lancé un appel similaire en avril dernier, entrainant un retrait provisoire d’éléments du mouvement séparatiste.

C’est dans ce sens que le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait appelé les Nations unies et les grandes puissances à « prendre leurs responsabilités », lors d’une intervention le 1er avril,  estimant que « l’ONU ne s’est pas montrée assez forte dans sa gestion des provocations de Guergarat« .

Dans ce nouveau projet de résolution, le Conseil de sécurité partage également son « inquiétude » concernant « l’annonce du Front Polisario de la relocalisation de ses fonctions administratives à Bir Lahlou, et appelle le Front Polisario à ne plus recourir à toute action déstabilisatrice de ce genre« . Sur ce point, le projet de résolution ne fait néanmoins pas mention d’un « retrait immédiat » du Polisario comme il le fait pour Guergarat.

Une absence de mention qui traduit des doutes quant à l’application de l’accord de cessez-le-feu et de l’accord militaire numéro un parce qu’ils gardent le silence sur les activités civiles au Sahara. Dans le projet de résolution, il est d’ailleurs reconnu que des « interrogations » sont soulevées par ces accords.

Le texte appelle même « le secrétaire général à tenir des entretiens avec les parties dans le but de comprendre ces problèmes« . Le texte salue néanmoins la « réponse mesurée » du Maroc suite aux récents développements à l’est du mur.

Plus d’implication pour Alger ?

Ce projet de résolution fait également référence aux rôles que sont amenés à jouer les Etats voisins, l’Algérie et la Mauritanie. Dans le paragraphe 2 bis du projet de résolution, les deux pays sont appelés à s’engager dans les discussions relatives au conflit dans le but de « faciliter les négociations« .

Deux paragraphes plus loin, l’appel est réitéré auprès des deux pays qui sont  invités à « coopérer plus pleinement avec les Nations unies (et les parties au conflit, NDLR) et à renforcer leur implication afin de parvenir à une solution politique« .

Une invitation répétée à deux reprises dans les paragraphes 8 bis et 25, où les « pays voisins sont appelés à augmenter leur engagement dans le processus de négociation et de remplir leur rôle spécial et essentiel dans le soutien du processus politique« .

L’implication de l’Algérie est également mentionnée à travers les camps de Tindouf. Dans ce draft de la résolution onusienne, le Groupe des Amis du Sahara insiste sur l’importance « d’améliorer la situation des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf » et note que « les habitants des camps de Tindouf n’ont pas les financements suffisants », ainsi que « le risque d’une réduction potentielle de l’aide alimentaire« . Le groupe de 6 pays appelle également à un recensement dans les camps de réfugiés de Tindouf, réclamé année après année par le Maroc.

48 heures chrono

Dans les couloirs de l’ONU, les diplomates refusent de communiquer au sujet de ce draft. Il se murmure toutefois que la Russie n’est pas favorable à cette version du draft.

Si les négociations relatives au dossier du Sahara peuvent techniquement durer jusqu’au 30 avril prochain, elles devraient toutefois connaitre un coup d’accélérateur dans les prochaines 48 heures.

En effet, de nombreux responsables du Conseil de sécurité de l’ONU seront impliqués dans des déplacements à l’étranger, ce qui suggère une adoption rapide de la résolution relative à la MINURSO. Parmi eux, le représentant permanent du Pérou, et président du Conseil de sécurité pour le mois d’avril, Gustavo Meza-Cuadra qui prendra part à une mission onusienne en Iraq, au Bangladesh et au Myanmar du 26 avril au 2 mai prochain.

Des visites auxquelles prendront également part ses homologues américain, britannique, koweïtien, tous membres du Conseil de sécurité. Cela signifie donc, comme l’indique le calendrier prévisionnel de l’ONU, qu’une résolution relative à la MINURSO devrait être adoptée d’ici le 25 avril au soir.

On notera toutefois que si cette version de la résolution onusienne est approuvée par le Groupe des Amis du Sahara elle doit également être approuvée par les pays membres du Conseil de sécurité. Actuellement en plus des cinq membres permanents (France, Royaume-Uni, Chine, Etats-Unis, Russie) le Conseil compte 10 membres non permanents que sont la Bolivie, la Côté d’Ivoire, l’Ethiopie, la Guinée-Equatoriale, le Kazakhstan, le Koweït, les Pays-Bas, le Pérou, la Pologne et la Suède.

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