Salut à vous les amis. Vous n’avez pas très bonne mine, c’est une évidence. Sans doute est-ce le mauvais temps, à moins que vous ne soyez écrasés de crédits divers, ou angoissés par le retard considérable pris par l’édification du MarocModerne. Ou alors peut-être êtes-vous comme Zakaria Boualem, englué dans une espèce d’attente dont l’objet n’est pas clair. Le Guercifi manque de visibilité, alors il adopte la posture du poulpe, tapi dans son doux rocher en attendant de voir comment tout cela va tourner. Pour occuper son temps, il a décidé de s’intéresser à l’écologie, il paraît que c’est le genre de sujet qui anoblit l’âme. Il n’oublie pas, le bougre, que nous avions opéré il y a peu de temps un spectaculaire virage vert, symbolisé par l’interdiction subite des sacs en plastique. Vous devez vous en souvenir, même si le virage africain a un peu fait oublier cette affaire. C’est comme ça que ça se passe chez nous : on se lasse vite des options stratégiques, et la multiplication des virages historiques fait mal à la tête.
Les sacs en plastique avaient été interdits, et une série de menaces effrayantes avaient été proférées à l’encontre des égarés qui persistaient à les utiliser. Aujourd’hui, il suffit de faire un tour dans n’importe quel marché pour constater qu’ils sont réapparus avec force, sans que l’on sache avec précision si les menaces sont toujours valables. Passons, ce n’est qu’un détail. Donc, le Boualem a effectué des recherches sur l’écologie, et la première info qui lui est tombée sur la tête est la suivante : “Plusieurs espèces animales sont en voie d’extinction au Maroc. Certaines ont déjà disparu, notamment le lion de l’Atlas, aperçu pour la dernière fois en 1930, et l’aigle impérial, éteint entre 1960 et 1980”. C’est un peu triste, mais ce n’est que le début, puisqu’Internet lui annonce dans la foulée que le porc-épic, la hyène rayée, la gazelle dama, le phoque moine, le lynx caracal… sont eux aussi menacés de disparition. Tout ceci nous vient de la bouche de Monsieur le chef de la division des parcs et réserves naturels au sein du Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Il ne doit pas avoir un boulot facile, le pauvre. Parce que Zakaria Boualem lui-même, qui constate depuis des années la raréfaction d’espèces comme l’universitaire éclairé, le fonctionnaire consciencieux, le journaliste rigoureux ou le politicien courageux n’a pas réussi à mobiliser grand monde autour de son combat pour leur protection. Il est possible que la méthode choisie pour la préservation de ces espèces menacées soit mauvaise, il faudrait demander à des spécialistes.
Toujours aussi motivé par son sujet, notre héros est allé faire un tour sur un site spécialisé, écologie.ma, en se disant qu’il devait grouiller de bonnes nouvelles, car nous en avons tous bien besoin. Voici celle qui a attiré son attention : “L’Observatoire marin d’Al Hoceïma franchit un nouveau cap”. Un peu intrigué par cette affaire et ce ton triomphant, le Guercifi a cliqué sur le lien, il a compris qu’il s’agissait d’un “projet de monitoring et de recueil des données liées au climat, à la fluctuation de la météo et de la biodiversité dans la vaste zone maritime méditerranéenne de la région”. Le MarocModerne s’intéresse aux poissons d’Al Hoceïma, c’est une très bonne nouvelle. Il souhaite recueillir des données pour améliorer leur sort, c’est magnifique. Les humains d’Al Hoceïma, les malheureux, ont l’avantage d’avoir une bouche et de savoir parler, mais quand ils ont expliqué ce qui n’allait pas sans passer par un observatoire pour exprimer leurs doléances, leur quotidien n’a pas vraiment connu d’amélioration, allez savoir pourquoi. Ils ont désormais un canal d’expression, il passe par les dauphins, nous progressons. Un peu déstabilisé par cette constatation, le Boualem a cessé ses recherches, en se disant qu’il ne comprenait rien à l’écologie, et qu’il fallait arrêter de se poser des questions qui n’ont pas de réponses et qui créent des problèmes. C’est donc tout pour la semaine, et merci.