Absent des radars depuis quinze ans, Abderrahmane El Youssoufi publiera ses mémoires en mars prochain, à l’occasion de son 94e anniversaire. L’évènement, tenu secret depuis plusieurs mois, surprend même l’entourage proche du Premier ministre de l’Alternance, tant l’ancien patron de l’USFP fuit les lumières et les projecteurs depuis son éviction par Mohammed VI en 2002.
« Ssi Abderrahmane refusait catégoriquement d’écrire ses mémoires, malgré l’insistance de certains de ses proches depuis vingt ans« , nous confie un ami de l’ancien opposant de Hassan II. L’information a été d’abord annoncée par nos confrères de Febrayer.com.
Divisés en trois parties, les mémoires, rédigés par son compagnon de route Mbark Boudarqa, reviennent pour la première fois sur certaines phases du parcours d’El Youssoufi, comme son enfance, certaines entrevues avec Hassan II ou encore ses conflits avec Driss Basri, nous révèle une source proche d’El Youssoufi.
« Il a évité de s’étaler sur les évènements qui sont déjà connus. Personne ne connait son enfance et les mésaventures de l’homme au-delà de la politique, un morceau de vie très important. Et deux des trois parties de ses mémoires sont constituées d’interviews et de discours qu’il avait donnés, où il restitue une partie de l’histoire du Maroc. Un trésor pour les chercheurs, les historiens et les étudiants« , confie encore notre source. « El Youssoufi est connu pour être un des très rares politiques à écrire ses discours lui-même« , poursuit notre interlocuteur.
Sitôt évincé en 2002 au profit du technocrate Driss Jettou, malgré la victoire de son parti aux élections législatives, le leader socialiste se mure dans le silence. En 2003, il prononcera son célèbre discours de Bruxelles où il déclare: « L’alternance consensuelle construite à partir du parlement de 1997 n’a pas été imposée par des élections unanimement contestées par les partis politiques, comme elle n’a pas été le résultat d’alliances librement contractées par les partis. Elle a été le résultat d’un accord entre le roi Hassan Il, qui détenait tous les pouvoirs, et l’opposition historique au Maroc (l’USFP qui représente historiquement la partie la plus grande et la plus importante des forces qui ont lutté pour l’indépendance, pour le retour du roi patriote Mohammed V sur son Trône après sa déposition et son exil à Madagascar par les autorités françaises en 1953)« .
La même année, il claque la porte de l’USFP, tournant définitivement le dos à la politique. Depuis, c’est motus et bouche cousue. Règle à laquelle il n’a pas dérogé après l’hommage qui lui avait été rendu en juillet 2016 par Mohammed VI, qui avait alors inauguré une avenue tangéroise portant le nom de l’ancien dirigeant socialiste. À l’exception des membres de la famille royale, jamais un tel hommage n’avait été rendu à une personnalité marocaine de son vivant.
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