Procès du Hirak: la défense contre-attaque

La défense maintient les accusations de torture contre les détenus du Hirak et relève une incohérence au niveau de la procédure des écoutes téléphoniques.

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La parole était à la défense lors de l’audience de ce mardi dans le procès des 54 détenus du Hirak. Au cours de cette audience, Me Mohamed Aghnaj est revenu, principalement, sur la question des violences présumées subies par certains détenus et les écoutes téléphoniques évoquées le 9 janvier par le parquet.

Alors que Hakim El Ouardi, substitut du procureur du roi, avait relevé qu’ « aucun des accusés n’a fait l’objet de violence physique lors de la garde à vue« , s’appuyant sur l’expertise médicale à laquelle 22 accusés ont été soumis sur ordre du juge d’instruction, Me Aghnaj estime que « les preuves présentées par le substitut du procureur du roi sur la torture ne sont pas recevables« . Pour l’avocat de la défense,  » dire que les détenus n’ont pas subi de violences lors de leurs interrogatoires à la BNPJ n’est pas un argument valable. Il y a eu violence lors des arrestations« .

Il est également revenu sur les passages du rapport du CNDH ayant fuité dans la presse, et qui donnent du crédit aux allégations de mauvais traitement, voire de torture contre les détenus du Hirak. Le substitut du procureur avait critiqué la demande de la défense de joindre ces documents au dossier. Une requête maintenue par maitre Aghnaj. « Pourquoi juger que ces fuites sont caduques? Dans sa communication, le CNDH n’a pas démenti le contenu de ces documents, il a juste précisé que la fuite n’a pas été opérée à son niveau« , souligne l’avocat de la défense.

Sur la question des « 136 appels téléphoniques ou SMS » interceptés, Me Aghnaj relève une « incohérence » dans la procédure. « Toutes les demandes d’écoute ont été émises par la police judiciaire, mais ce qui est étrange c’est que les PV des interceptions ont été réalisés par la Direction générale de la surveillance du territoire« , note-t-il, avant d’interroger la légalité de cette procédure.

L’avocat se pose aussi la question de la pertinence de certaines communications de militants du Hirak mises sur papier. « Dans plusieurs échanges, l’acte qui incrimine est absent« , poursuit-il.

Al Habib Hajji a ensuite pris le relai de Mohamed Aghnaj pour défendre Hamid El Mahdaoui, le directeur de publication du site d’information Badil. Le journaliste est poursuivi pour « manquements à son obligation de porter à la connaissance des autorités une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l’État« , sur la base d’un échange téléphonique avec un Marocain résidant aux Pays-Bas (Rabii Al Ablak). Ce dernier aurait signifié à Al Mahdaoui son intention de faire « entrer des armes au Maroc « .

Sur ce point, Me Hajji a principalement critiqué la « sélectivité » des PV relatifs aux écoutes téléphoniques de son client. L’avocat a cité en exemple un « appel entre Rabii Al Ablak et El Mahdaoui où ce dernier se posait des questions sur le personnage qui l’avait appelé et tentait d’avoir des informations sur lui ».

« Quelqu’un qui explique qu’une avance a été octroyée à des Russes pour l’achat d’armes est-il sérieux? », a-t-il demandé, mettant en avant  » l’absurdité  » de l’échange. « Même le juge d’instruction posait les questions à Hamid en rigolant. C’est dire que ces accusations sont chimériques« , a poursuivi l’avocat.

Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir le principal intéressé. « Ils déforment les faits ! (…) Envoyez-moi à Tazmamart, mais que justice soit faite!  » a-t-il lancé El Mahdaoui depuis le box où les détenus sont entassés, avant d’être expulsé de la salle d’audience.

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