Employée de maison, la jeune Latifa affirme avoir été torturée par sa patronne, aujourd’hui sous les verrous pour les besoins de l’enquête. Le corps de la jeune fille présente des brûlures au 3e degré, des entailles infectées, et autres fractures.
Voilà six jours ce jeudi que Latifa a été admise en soins intensifs à la clinique internationale Anoual de Casablanca. Si les jours de la jeune fille ne sont pas en danger, elle doit encore subir une opération délicate au niveau d’une jambe fracturée. Âgée de 23 ans et originaire de Zagora, elle affirme avoir été torturée par son employeuse à Casablanca .
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En entrant dans sa chambre, nous trouvons la jeune femme couverte de cicatrices, à peine consciente. Elle porte des traces de brûlure au visage et ailleurs sur le corps, ainsi que des entailles faites par un objet contondant au niveau du cou et des membres. L’infirmière nous montre aussi des plaies profondes et infectées au niveau des jambes. Elles lui laisseront des cicatrices à vie.
En état de choc, Latifa a du mal à parler. Elle nous remercie de notre visite et nous demande des informations sur l’état d’avancement de son dossier devant la justice.
« L’horreur de cet acte est indescriptible« , confie Meriem Othmani, présidente de l’association INSAF, en nous montrant les photos de la victime, lorsqu’elle venait à peine d’être admise à l’hôpital.
Simohamed, le père de Latifa, est effondré. En plus du drame qui accable sa fille, il pleure aussi son frère, emporté par une crise cardiaque après avoir entendu le récit des sévices subis par sa nièce.
« Je veux que justice soit faite, que la mort de mon frère et la douleur de ma fille ne soient pas vaines« , répète-t-il en boucle, déplorant un acharnement du sort contre sa famille. Regardant le corps mutilé de sa fille, il relève avec amertume que celle-ci a « énormément changé« .
Le calvaire de Latifa, embauchée il y a un an et demi, s’est intensifié ces trois derniers mois. À tel point que la jeune fille ne pouvait même pas quitter le domicile où elle travaillait.
C’est tout ce qu’elle nous dira, refusant de détailler le traitement qui lui a été réservé. La semaine dernière, elle a tenté de s’évader en sautant sur la terrasse des voisins . Ces derniers ont alors appelé la police qui s’est saisie de l’affaire. « Le temps du trajet entre Zagora et Casablanca, je découvre que ma fille a renoncé aux poursuites« , s’exclame Simohamed.
Après cet épisode, Latifa est retournée chez ses employeurs. Le cycle de violence a alors repris de plus belle, d’après le père de la jeune femme. D’après l’association INSAF, il a fallu l’intervention de la mère de l’employeuse de la jeune fille pour que celle-ci soit conduite à la clinique.
Dans un premier temps, Latifa nie avoir subi des tortures et affirme être « tombée« . Devant l’horreur des blessures, le médecin qui l’a ausculté contacte l’association. L’INSAF a alors pris langue avec le CNDH qui a saisi le parquet.
« Le CNDH suit l’affaire de près et nous ne tolérerons jamais que ce type de violence reste impuni« , déclare Soumicha Riyahi, présidente de la Commission régionale des droits de l’Homme. L’association INSAF s’est constituée partie civile et a choisi Me Youssef Chehbi pour défendre la victime.
Selon l’association et le père, l’enquête avance. La police a interpellé l’employeuse pour la confronter aux preuves récoltées par les enquêteurs et le médecin.
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