L’Algérie a lancé depuis la Chine son sixième satellite. Premier spécialisé dans les télécommunications, celui-ci est très différent de Mohammed VI-A, mis sur orbite par le Maroc début novembre. En trois questions, TelQuel.ma vous explique pourquoi.
Quelles seront les missions d’Alcomsat-1?
Baptisé Alcomsat-1, le satellite algérien assurera principalement trois missions: télédiffusion autonome, amélioration du positionnement GPS, transmission de donnés.
Neuf transpondeurs sur 33 seront consacrés au premier usage. Ceux-ci devraient permettre, dès le deuxième semestre 2018, l’émission d’une centaine de chaînes de télévision en qualité standard – une vingtaine en HD. Annoncé pour courant 2019, le nouveau signal GPS atteindra une précision d’un mètre, au lieu de cinq aujourd’hui. Enfin, l’engin offrira une connexion Internet qui se veut complémentaire de la fibre optique, avec des débits de 10 à 20 Mbps disponibles à terme (contre 512 Kbps actuellement).
« Alcomsat-1 permettra la continuité de fonctionnement des services de télécommunications en cas de catastrophes naturelles majeures », développe l’APS, précisant que « la surveillance des frontières fait également partie des objectifs du nouveau satellite ». Selon l’agence de presse algérienne, plus de 300 agents ont été formés pour assurer « l’assemblage, le contrôle et l’exploitation » de l’appareil, qui sera piloté depuis deux stations implantées à Bouchaoui (Alger) et Boughezoul (150 kilomètres au sud de la capitale). Fruit de quatre années de travail, son coût est estimé entre 250 et 300 millions de dollars.
En quoi est-il différent des cinq autres satellites algériens?
Le voisin de l’Est a initié sa stratégie spatiale dès la fin de la décennie 1980, avec la création d’un Centre nationale des études spatiales (CNTS). En 2002, l’Agence spatiale algérienne (ASAL), placée directement sous la tutelle du gouvernement, voit le jour. La même année, le premier micro-satellite sort des ateliers du Centre de développement d’Oran, pour commencer à tourner à 670 kilomètres au-dessus de nos têtes. Comme ses trois jumeaux qui le rejoindront de 2010 à 2016 – décollant de la base indienne de Sriharikota – il est destiné à l’observation de la Terre. Les photos qu’il prend « répondent, entre autres, aux objectifs liés à la protection de l’environnement et des différents écosystèmes naturels, l’aménagement des territoires et du littoral, ainsi que la prévention et la gestion des risques naturels », détaille l’APS. Quant au cinquième de la fratrie Alsat, conçue en collaboration avec le Royaume-Uni, il transmet des données destinées essentiellement à la recherche scientifique.
Dans le cadre du Programme spatial national 2020-2040, le lancement d’autres « satellites de dernière génération » a d’ores et déjà été annoncé.
Le Maroc a-t-il quelque chose à craindre?
Un peu plus d’un mois avant la mise en service d’Alcomsat-1, le Royaume a mis sur orbite son satellite Mohammed VI-A. Selon Florence Gaillard-Sborowsky, en charge des questions spatiales à la Fondation pour la recherche stratégique, cela relève plutôt de la coïncidence. « L’Algérie s’inscrit beaucoup plus dans une politique de développement de capacités, et ce depuis 2006. Il y a également, en s’associant aux Chinois, une volonté de bénéficier d’un transfert de technologies. Les conditions d’acquisition du satellite Mohamed VI-A, en revanche, s’apparentent à un simple contrat d’armement », estime cette experte, citée par sputniknews – à noter que si aucun usage militaire n’a été publiquement assumé côté algérien, des sites spécialisés évoquent deux transpondeurs pouvant être utilisés « à des fins militaires ou stratégiques ».
Pour le Dr Abdelwahab Chikouche, directeur d’études, chargé des programmes spatiaux et du développement Industriel à l’ASAL algérienne, les deux engins n’ont également rien à voir. « Le satellite marocain apporte des données à haute résolution, défilant à environ 680 kilomètres au-dessus de la Terre. Alcomsat-1 est un satellite de télécommunications, géostationnaire à une altitude de 36 000 kilomètres. Avec cet appareil, l’Algérie répond à d’autres besoins », explicite-t-il.
Le président de l’African Aeronautics & Space Organisation partage le même avis. « Le lancement de quatre satellites africains en 2017 était sans doute un hasard du calendrier, mais elle fera date », analyse Sékou Ouédraogo, interrogé par France24. « Avec cet dynamique, de plus en plus de chefs d’États vont se tourner vers l’espace, et de plus en plus de prestataires aérospatiaux s’intéresseront au marché émergent qu’offrira l’Afrique ».
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