Hassan Hajjaj : "Je me prends pour Robin des bois"

En marge de sa première exposition à Casablanca "My Maroc Stars" que la galerie d'art Atelier 21 accueille jusqu'au 13 janvier 2018, Telquel.ma s'est entretenu avec l'artiste marocain Hassan Hajjaj.

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Plasticiens, musiciens, chanteurs, designers, cinéastes… dans l’exposition « My Maroc Stars », l’artiste marocain, Hassan Hajjaj, a réuni ses artistes et agitateurs culturels de prédilection. Attaché aux éléments banals et objets populaires qui font le quotidien du marocain, cet artiste – considéré comme plasticien majeur sur la scène internationale – rend hommage au bouillonnement de la scène culturelle locale, à travers un prisme très coloré.

Dans un monde très attaché à l’imagerie marocaine qui emprunte ses éléments au quotidien, au populaire et au kitch, celui qu’on surnomme « Andy Warhol de l’Afrique » exprime dans cette série d’œuvres la fusion qu’il défend pour dénoncer les effets néfastes de la mondialisation et de l’uniformisation qui lui est inhérente. Entre appels téléphoniques et visites guidées, Telquel.ma s’est entretenu avec Hassan Hajjaj dans son anglais à l’accent so british.

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Telquel.ma : Vous vous êtes habitué à jongler entre influences orientales et inspirations occidentales… qu’est-ce qui explique ce choix ? 

Hassan Hajjaj : C’est toute une histoire, mon histoire. Comme vous le savez, je suis natif de Larache, au nord du Maroc. Je suis arrivé à la capitale anglaise à l’âge de 13 ans. Un choc pour un petit enfant qui n’était jamais sorti du royaume. Nourriture, langue, couleurs… tout était nouveau pour moi : un territoire étrange et étranger. Londres, étant un melting-pot en pleine effervescence et un carrefour des cultures, a fini par m’influencer, et à devenir une partie de mon essence.

Plasticiens, musiciens, chanteurs, designers, cinéastes…. vous avez réuni plusieurs artistes dans votre exposition, comment le choix s’est-il fait ? 

Pour cette exposition (My Maroc Stars, NDLR), j’ai commencé à photographier des artistes marocains depuis 1998. Tout me paraissait simple au début, jusqu’à ce que je commence à éditer les clichés. D’un coup, tout a changé. Tous les artistes que j’avais photographiés sont des amis : nous sommes une famille. Mais il fallait faire un choix. Heureusement que j’avais prévu une ligne de conduite qui m’a un peu facilité la tâche.

Quelle était cette ligne de conduite ?

Je souhaitais présenter une exposition où règne l’égalité, c’est-à-dire : 50% des portraits dédiés aux femmes et l’autre moitié réservée aux hommes. Je voulais également mettre sous les projecteurs des artistes de différents âges : adultes, jeunes, moins jeunes. Et finalement, honorer le bouillonnement de la scène culturelle marocaine en valorisant sa diversité à travers différentes disciplines artistiques qu’ils s’agissent d’acrobates, peintres, designers, chanteurs, plasticiens…

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Comment est venue l’idée d’encadrer vos produits d’objets populaires qui font le quotidien des marocains ?

Je collectionne depuis des décennies déjà ces objets-là. C’est un peu nostalgique pour un petit enfant qui a quitté son pays natal à 13 ans seulement. Ce sont ces objets qui étaient là quand j’ai quitté le bled  et que j’ai retrouvé à mon retour. C’était toujours un défi pour moi de créer à partir de choses simples. J’ai pu le faire, grâce à ces objets populaires qui encadrent tous mes portraits. D’autant plus que ça permet à mes œuvres d’avoir une identité propre.

Vous avez recours dans vos expositions aux sacs de farine, aux caisses de Coca-cola… qu’est-ce qui motive votre détournement des objets de leur fonction première ?

Je me prends pour « Robin des bois » (rires). En effet, les sacs de farine et les caisses de Coca-cola sont des détails essentiels de toutes mes expositions. Ce sont des choses que l’on retrouve chez tous les épiciers marocains. Avec ces éléments du quotidien, je parviens à créer un monde attaché à l’imagerie du pays. L’utilisation de différents marques m’aide également à interpeller l’inconscience de chacun. Ces sacs et caisses font ressentir au spectateur qu’il fait partie de l’oeuvre, de la création et de l’exposition.

Vous dîtes que la préparation de « My Maroc Stars » a commencé depuis 1998… Est-ce que d’autres volumes suivront ? 

Bien-sûr, d’autres expositions suivront ce premier volet. Comme je l’ai dit au début, j’ai commencé à photographier des artistes marocains depuis 20 ans maintenant. Je n’ai pas pu tout présenter dans cette exposition car je devais faire des choix. Les autres seront, je l’espère en tous cas, exposés bientôt au Maroc et à l’étranger. Pour rendre hommage à nos artistes et notre scène culturelle marocaine.

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