C’est en marge de sa visite officielle à Pékin que le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a accordé un entretien à la chaîne de télévision chinoise CGTN. Une interview diffusée le 18 novembre où le diplomate évoque, pour la première fois, la position marocaine quant à la crise au Zimbabwe, le conflit dans le Golfe, la question migratoire ainsi que les relations maroco-chinoises.
« Transition pacifique »
« L’Afrique traverse actuellement une période transitoire où les éléments de progrès mais aussi les héritages du passé sont très visibles » a déclaré le ministre avant d’évoquer la situation à Harare. Dans ce qui constitue la première déclaration officielle à ce sujet, le ministre a affirmé que « l’économie zimbabwéenne est détruite parce certains mauvais choix ont été faits ». Il a également plaidé pour « une transition pacifique » répondant aux « aspirations de la population ».
Tout en assurant que le Maroc n’intervenait pas dans la politique intérieure d’autres pays, le ministre a déclaré que « des changements sont parfois nécessaires » pour « sauver » une population placée dans une « situation difficile à cause d’un mauvais gouvernement ». Le ministre a également déclaré que l’éviction du vice-président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa constituait l’un des tournants de cette crise.
A noter que cette interview de Nasser Bourita a été enregistrée avant l’éviction de Robert Mugabe de la présidence de son parti, le Zanu-PF. Pour rappel, une manifestation « monstre » pour réclamer le départ du président zimbabwéen s’est tenue le 18 novembre dans les rues de la capitale zimbabwéenne.
Résoudre la crise dans le Golfe en « famille »
Lors de cet entretien, le ministre des Affaires étrangères a également évoqué le rôle joué par le Maroc dans la résolution de la crise entre Doha et Riyad. « Nous devons aider ces frères à dépasser cette situation au sein de la famille du Golfe. C’est pour ça que le roi Mohammed VI s’est rendu à Abu Dhabi puis à Doha » a déclaré Nasser Bourita avant de rappeler que le souverain est l’un des seuls leaders entretient de bonnes relations avec les responsables des deux pays.
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Le ministre a également regretté l’impact du conflit sur le Conseil de coopération du Golfe qui, selon lui, « était l’un des meilleurs exemples » d’intégration régionale dans le monde arabe. Interrogé sur la crise entre l’Arabie saoudite et le Liban, le ministre a assuré que le Maroc avait des relations « fortes » avec Riyad et Beyrouth.
Le dossier migratoire, une priorité marocaine
Le rôle du Maroc dans le domaine de la migration a également été évoqué lors de cet entretien. A ce sujet, Nasser Bourita a rappelé que le roi Mohammed V a été chargé de la question migratoire au sein de l’Union africaine et que le royaume co-préside, avec l’Allemagne, le Forum mondial sur la migration et le développement. A ce titre, le royaume accueillera une réunion de cette instance en 2018 a annoncé Nasser Bourita.
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Le ministre a également révélé que le Maroc s’est porté candidat à l’accueil du prochain Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales des Nations Unies prévu pour 2018. Pour rappel, cette année sera marquée l’adoption du Pacte mondial sur les migrations. Ce pacte devrait permettre la mise en place de « migrations sûres, ordonnées et régulières » selon l’Organisaiton internationale pour les migrations.
L’évolution des relations maroco-chinoises
Naturellement, les relations maroco-chinoises ont aussi été abordées lors de cet entretien. Le ministre a cité la visite du roi Mohammed VI à Pékin, en 2016, comme un élément ayant contribué au développement des relations entre les deux pays. Une relation également portée par le partenariat stratégique maroco-chinois mis en place après cette visite et qui a contribué au développement « du dialogue politique » et aux «échanges de vues sur les questions régionales et mondiales » entre Rabat et Pékin.
Le diplomate s’est également félicité de l’accroissement des échanges entre les deux pays qui ont permis à la Chine de devenir le 3e partenaire commercial du royaume. En 2009, la Chine était le 12e partenaire commercial du Maroc a rappelé Nasser Bourita. Pour le ministre, les échanges entre les deux pays ont été aidés par les investissements chinois dans les domaines des infrastructures, des nouvelles technologies et des énergies comme éléments ayant contribué au développement des échanges entre les deux pays.
Enfin, le ministre a évoqué la signature du mémorandum d’entente relatif à l’initiative de route de la soie chinoise. Il a affirmé que cette initiative profiterait à la Chine mais aussi aux pays africains, qui ont décidé de « choisir leurs partenaires« , et s’est réjoui de la renaissance « d’une façon d’échanger qui existait il y’a des siècles ».
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