Alors que Laura Prioul, victime présumée de Saad Lamjarred, a brisé le silence le 12 novembre en publiant une vidéo-choc où elle relate sa version des faits de la nuit où elle aurait été « violée et violentée » par le chanteur, VH Magazine consacre la Une de son édition de novembre à l’artiste.
Le chanteur y est censé « tout déballer« . Cette couverture a fait réagir de nombreux observateurs, qui reprochent au magazine de donner la parole à un homme accusé de viol, et dont l’affaire n’a pas encore été tranchée par la justice.
Interview sous condition
Pour Rafik Kamal Lahlou, directeur de publication du magazine, le choix de mettre Saad Lamjarred en Une n’est pas une forme « de soutien« . « Notre métier est de donner la parole et c’est au lecteur de se faire sa propre idée sur l’affaire. On voulait avoir sa version des faits et poser les vraies questions d’un point de vue marocain. Et c’est le cas de plusieurs couvertures sensibles que VH a pu réaliser au cours de son existence. Nous sommes neutres », souligne-t-il.
Cela étant, au cours de l’entretien, le chanteur n’évoque à aucun moment la nuit où l’incident est survenu, préférant parler de « l’enfer » de son incarcération et de son parcours. « Ses avocats lui ont interdit de dire quoi que ce soit sur l’affaire, car elle est devant la justice. Nous avons donc obtenu cette interview exclusive à la condition de ne pas aborder le sujet jusqu’à ce que la justice se prononce dessus« , explique Lahlou.
Que déballe donc Saad Lamjarred dans cette édition de VH? Dans le texte de présentation de l’interview, l’auteur de l’article explique d’abord que la musique de Lamjarred « n’est pas son univers culturel« , il parle de son look et de leur passion commune pour New York.
Le journaliste n’évoque toutefois pas le fait que le chanteur y avait eu maille à partir avec la justice américaine, suite à une autre plainte pour viol et violence qui avait été déposée contre lui. « Au fil des échanges, je sens un garçon gentil, un type qui ne se la joue pas. Mais alors pas du tout« , conclut le journaliste.
Quelques paragraphes plus loin, on rentre dans le vif du sujet. Pour évoquer, le lourd dossier où le chanteur est inculpé de « viol aggravé » et « violences volontaires aggravées« . Le magazine parle sobrement de « l’affaire parisienne« . « La vérité va éclater et tout le monde saura ce qu’il en est réellement« , promet-on…
« L’enfer » de la détention
Vient alors l’interview . Sur l’affaire de viol aggravé, Saad Lamjarred se livre uniquement sur ses conditions d’incarcération et ses états d’âme. Il y parle d’abord de son amour pour ses parents puis de sa détention.
Mis en examen le 28 octobre 2016, il ne sera libéré provisoirement que le 13 avril 2017 avec un bracelet électronique. Parlant des différents bracelets que le chanteur porte au moment de l’entrevue, le journaliste écrit: « je me suis dit que c’était sa manière de fêter le fait que le juge vient de lui enlever le bracelet électronique qu’il portait à la cheville. Des bracelets In pour remplacer le bracelet Out« .
« Je suis un chanteur connu et célèbre, l’information a vite fait le tour de la prison. Il y a ceux qui m’en voulaient sans me connaître et ceux qui voulaient m’approcher pour une raison ou une autre. Moi je vivais un cauchemar (…) je ne vivais pas, j’essayais juste de survivre et de garder toute ma tête« , témoigne encore Lamjarred.
L’artiste confie également qu’au moment où ses parents quittaient le parloir, c’était « le vide absolu« . Il décrit ces moments comme « les pires (…) de cette terrible expérience« . « Je me sentais étouffé, tomber au plus bas, sans le moindre recours (…) c’est le désespoir le plus lourd« , poursuit-il.
Dans ces « moments difficiles« , Saad Lamjarred dit avoir eu « le soutien de Dieu« . À la question de savoir s’il a pensé au suicide, il répond par l’affirmative. « C’est un enfer d’être enfermé. J’ai eu de grands moments de doute et de peur. C’est normal de penser à en finir comme tout le monde« , décrit-il.
Et quand il évoque, sans donner de détails, le lien entre l’affaire dans laquelle il est poursuivi aux États-Unis et celle de Paris, Lamjarred confie: « évidemment, je comprends que l’on fasse l’amalgame entre New York et Paris. C’est un concours de tant de choses. Mais souvent, très souvent, on focalise sur le résultat final et on met de côté ce qui m’a mené à vivre tout ce calvaire« .
Si l’instruction touche à sa fin selon plusieurs sources médiatiques, Saad Lamjarred reste prudent quant à la tournure que prendra l’affaire: « Je ne sais pas encore quel dénouement aura cette histoire, et vous savez je ne peux pas parler, pour laisser la justice faire son travail en toute sérénité« .
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