Des eurodéputés critiquent le silence de l'UE sur la situation des "femmes-mulets" à Sebta

Le 28 septembre, des eurodéputés ont adressé plusieurs questions à la Commission européenne. L'objectif: permettre aux femmes-mulets qui traversent quotidiennement la frontière maroco-espagnole de travailler dans des conditions dignes.

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Les femmes-mulets sont entre 5000 et 10.000 à passer la frontière chaque jour. Crédit: Jorge Guerrero / AFP

Lors d’un débat en commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) au parlement européen le 28 septembre, les eurodéputés espagnols de gauche Marina Albiol et Miguel Urban, ainsi que l’écologiste Florent Marcellisi ont critiqué le silence de la Commission européenne face aux quatre femmes-mulets mortes au poste-frontière de Sebta.

Les trois eurodéputés avaient déjà dénoncé les conditions de travail des porteuses et l’inertie de l’Union européenne dans une question écrite adressée le 21 juin dernier, et restée sans réponse. « C’est incroyable que nous n’ayons pas de réponse en ce moment, c’est un manque de respect pour ces femmes. Depuis que nous avons adressé cette question, deux d’entre elles sont mortes à la frontière« , s’emporte l’eurodéputé Miguel Urban de Podemos. IS’interrogeant sur « ce qui se cache derrière« , il se demande si la prise de position de l’UE par rapport aux violations des droits de l’Homme à sa frontière est liée aux relations commerciales entre le Maroc et l’Espagne.

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Marina Albiol, eurodéputée de la coalition Izquierda unida, dénonce pour sa part les conditions de travail de ces 5.000 à 10.000 femmes qui transportent à pied les marchandises entre Sebta et le Maroc.

Elles ont jusqu’à 90 kilos sur le dos. Même elles ne savent pas ce qu’elles transportent. Elles ne sont pas considérées comme des travailleuses, elles n’ont pas de contrat, aucun droit et obtiennent des salaires très bas et irréguliers. Elles attendent interminablement sous le soleil pour passer la frontière et souffrent de violence, de criminalité et d’abus policiers constants, autant pour entrer que pour sortir de Ceuta.

Marina Albiol

L’eurodéputée se demande comment l’UE peut tolérer une telle situation et demande à la Commission européenne si un dialogue a été ouvert avec les autorités espagnoles et si elle envisage d’installer un observatoire des droits de l’Homme sur place.

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En réponse, le représentant de la Commission européenne a affirmé que le sujet faisait l’objet d’une « grande concertation interne et d’un accord à travers un processus formel« , s’excusant de la lenteur du processus.

Il a ajouté que des fonctionnaires de l’Union européenne se sont rendus dans la semaine du 18 septembre à Sebta et Melilia pour évaluer l’implantation de Schengen sur les deux sites. Marina Albiol a exigé en retour que les informations sur cette visite « soient publiques afin de mettre fin à l’opacité qui entoure ce type de visites et d’évaluations« .

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