Modeste, affable, diplomate et partisan de la (longue) réflexion plutôt que des petites phrases, le style Saad Eddine El Othmani tranche avec celui de son prédécesseur. Quand il nous reçoit au Méchouar, le chef du gouvernement prend le temps de répondre à chacune de nos questions. Il n’en élude aucune, et nous accorde près d’une heure d’interview. Il ne paraît pas irrité quand on le bouscule sur le surnom dont l’affuble la presse (le Ben Arafa du PJD), regrettant une accusation « totalement injuste« .
Le seul moment où le stoïcisme à toute épreuve du docteur Saad Eddine est mis à mal, c’est quand on sollicite son avis sur un troisième mandat d’Abdelilah Benkirane à la tête du PJD. Très courtois envers ce dernier, l’actuel chef du gouvernement reste répète à chaque fois tout le bien qu’il pense du bilan de son prédécesseur. « Le gouvernement précédent a mis en avant les problèmes économiques et en a résolu beaucoup. En comparant les indicateurs économiques de 2011 avec ceux de 2017, on, voit bien qu’il y a eu un changement important et des avancées essentielles« , assure-t-il.
El Othmani aime la jouer collectif. « Concertation« , « action collégiale« , sont les mots qui reviennent avec insistance lorsqu’il évoque les quatre premiers mois de son gouvernement. « S’il y a un succès, c’est d’abord celui du gouvernement et ensuite le mien, en tant que chef du gouvernement« , nous dit-il.
Cette modestie transparaît aussi quand il s’agit de parler de sa personne et de son style: « ce n’est pas à moi de parler de mon style, mais à ceux qui travaillent avec moi où observent mon travail« .
Le vocabulaire d’El Othmani puise dans le registre d’une volonté efficacité, même si sur les aspects techniques liés aux grands dossiers économiques on sent qu’une vision claire fait encore défaut.
Sur les interactions avec le Palais et le cabinet royal, il nous explique qu’il y a un « apaisement total« . Il dit être fier du « soutien de Sa Majesté« . Il nous détaille également ses rapports avec le conseiller Fouad Ali El Himma et assure que rien ne lui est imposé et qu’il peut exercer ses prérogatives.
Concernant les tensions au sein de son parti, El Othmani reconnaît l’existence de « divergences d’opinions et de vives discussions« , mais assure que ce n’est que « temporaire« .
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