Recherché par toutes les polices d’Europe, ce grand brun de 1,80 m a été tué à Subirats, à 50 km à l’ouest de Barcelone, alors qu’il était en cavale depuis l’attentat des Ramblas de Barcelone, où il aurait conduit la camionnette tueuse avant de poignarder à mort un automobiliste.
« En vérité, je suis content et triste à la fois« , a réagi le 21 août au soir un Marocain de 39 ans, Hassan Azzidi, à Ripoll, d’où est issue la cellule ayant commis les attentats en Catalogne. « Il fallait en finir avec tout ça, parce qu’on vit comme en guerre, mais en même temps, ce garçon si jeune, quelqu’un lui avait lavé le cerveau« , a estimé cet ouvrier travaillant dans une usine de plastique.
Après avoir fauché des dizaines de personnes, Younès Abouyaaqoub, déterminé et faisant preuve de sang-froid, s’est enfui à pied au milieu des Barcelonais paniqués. Il a traversé un marché couvert, parcouru six kilomètres avant de tuer d’un coup de couteau un automobiliste et de s’enfuir dans sa voiture, qu’il a finalement abandonnée après avoir été repéré à un barrage de police. Lundi, il est mort après avoir crié « Allah est grand » en montrant aux policiers qui l’avaient repéré sa (fausse) ceinture d’explosifs.
Et pourtant « Younès vivait normalement, il travaillait dans une usine, il avait tout… Je ne sais pas comment ils font pour leur manger le cerveau« , s’est interrogé Hassan Azzidi.
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Dans la nuit de jeudi à vendredi, le jeune frère de Younès, Houssaine, 17 ans, serait lui-même tombé sous les balles de la police au cours de l’attentat dans la station balnéaire de Cambrils, selon des informations de presse non confirmées. Il aurait fait partie du sinistre commando de cinq jeunes armés de couteaux et de haches – dont trois mineurs – partis tuer vacanciers et policiers, à bord d’une Audi transformée en voiture bélier.
Des habitants sous le choc
Depuis le double attentat sanglant de Barcelone et de Cambrils, Ripoll – 11.000 habitants dont 5% de Marocains – ne se remet pas de sa stupéfaction face au parcours de ces jeunes qu’elle a vu grandir. Dans la cafétéria marocaine Esperanza, des joueurs de cartes – qui ont refusé farouchement d’être cités – disent surtout se sentir « trahis par l’imam » de Ripoll, Abdelbaki Es Satty, un quadragénaire décrit comme « un loup déguisé en agneau » et sous l’influence duquel seraient tombés ces jeunes. L’imam lui-même est mort dans une déflagration accidentelle la veille de l’attentat de Barcelone.
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Nuria Perpinya, une Catalane de 36 ans éducatrice et médiatrice, qui travaillait jusqu’à il y a deux ans pour un programme de lutte contre l’exclusion, a fait faire leurs devoirs à certains de ces « enfants » devenus des tueurs. Et malgré l’horreur présente, elle ne garde que de « bons souvenirs » de ces « garçons normaux, totalement intégrés« , selon les mots employés par bien d’autres témoins dans la ville.
Dimanche, à M’rirt, petite ville marocaine de 35.000 habitants nichée dans le Moyen Atlas (centre du Maroc), les proches de Younès Abouyaaqoub ont aussi accusé l’imam de Ripoll d’être le « cerveau » des attentats. « Cela fait deux ans que Younès et Houssaine ont commencé à se radicaliser, sous l’influence de cet imam« , a confié à l’AFP le grand-père de Younès, qui était né dans la modeste maison familiale avant de partir pour Ripoll avec ses parents.
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