« Nous venons de prendre le dossier. Une fois de plus et encore une fois la justice n’a pas assumé ses responsabilités pour protéger la société. C’est un crime atroce, un des plus durs que nous avons eu à traiter. Cette jeune fille a eu affaire à des mentalités traditionnelles selon lesquelles les filles ont toujours tort« , s’emporte Omar Arbib de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Si la colère du militant est si forte, c’est que l’affaire est dramatique.
En janvier 2016, Nassima affirme avoir été séquestrée et violée par quatre jeunes âgés de 20 à 23 ans près de Marrakech. Sa mère décide alors de porter plainte, et présente un certificat médical attestant des sévices subis par la jeune fille. Mais le 21 mars 2016, la cour d’appel de la ville décide d’innocenter les quatre violeurs présumés.
Après après avoir tenté de se jeter d’un toit, puis d’ingurgiter de l’eau de javel pour protester contre la décision de justice, la jeune fille finit par se donner la mort par pendaison au mois de mai dernier. L’affaire n’a été rendue publique que récemment, après l’entrée en scène de l’AMDH, qui a récemment repris le dossier en main, et demande l’ouverture d’une nouvelle enquête.
« C’est une jeune fille issue d’une famille très pauvre, le père ne travaille pas et la mère fait des petits boulots par-ci par-là. Cette fille n’a pas pu être déclarée et sa famille n’a rien pu faire pour que justice lui soit rendue. C’est seulement maintenant que nous avons toutes les informations nécessaires afin de demander une réouverture d’enquête« , explique Omar Arbib.
« On ne peut plus continuer à ignorer la loi. Les violeurs ont été innocentés par la Chambre des crimes pénaux de la cour d’appel de Marrakech alors qu’ils étaient poursuivis pour viol collectif, détournement de mineur et agression physique. Au sein de l’AMDH nous ferons le nécessaire afin que justice soit enfin rendue. Au-delà des lettres déjà envoyées au ministère des Droits humains, au ministère de la Justice et au procureur général, nous faisons le nécessaire pour constituer un plaidoyer plus lourd« , poursuit le militant.
Abderrahmane Aït Yahya, psychologue au CHU de Marrakech, a évoqué à nos confrères de Yabiladi la grande fragilité de la jeune fille: « avant son viol, elle était atteinte d’une maladie psychique, notamment des troubles du comportement. Elle était suivie par une pédopsychiatre de l’hôpital militaire de Marrakech. C’est le stress post-traumatique qui l’a menée au suicide« .
Le cas de Nassima rappelle tristement ceux d’Amina El Filali en 2012 et Khadija Souidi en 2016. Les deux jeunes femmes avaient elles aussi été violées avant de se donner la mort.
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