Le constat alarmant de Driss Jettou sur les finances du pays

Driss Jettou a dressé un constat préoccupant des finances du pays. Avec une dette et un déficit qui s'accroissent, le premier président de la Cour des comptes appelle à des "efforts" pour maîtriser la situation.

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Driss Jettou au parlement. Crédit: R. Tniouni
Driss Jettou au parlement. Crédit: R. Tniouni

L’état des finances du royaume n’est pas glorieux. Driss Jettou l’a rappelé lors de son intervention en séance plénière le 4 juillet au parlement. Le premier président de la Cour des comptes a alerté sur l’explosion de la dette publique qui est passée de « 629 milliards DH à fin 2015 à 657 milliards DH à fin 2016, enregistrant un endettement supplémentaire de plus de 28 milliards DH, soit une augmentation de 4,5 %« .

L’ancien chef du gouvernement relève également que « le rythme accéléré de l’endettement s’est poursuivi en dépit de la conjoncture favorable au cours des quatre dernières années« . Il a ainsi demandé « plus d’efforts en vue de maîtriser la hausse de l’encours de la dette publique et du taux de l’endettement, les dépenses et le déficit budgétaire (…), d’œuvrer pour l’amélioration des ressources, surtout fiscales, à travers une réforme fiscale globale et équilibrée qui puisse garantir l’équité fiscale et l’élargissement de l’assiette« .

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Aggravation des comptes extérieurs

Selon les chiffres énoncés par Driss Jettou, le déficit du compte courant de la balance des paiements s’est aggravé. Il est passé de 2,2% à 4,4% du PIB entre 2015 et 2016 pour atteindre 44,5 milliards de dirhams. « Ce déficit a quasiment doublé en une année sous l’effet du creusement du déficit de la balance commerciale avec un taux élevé de 19,3%, et ce pour la première fois depuis 3 ans« , alerte Driss Jettou.

Le premier président de la Cour des comptes précise que le volume d’importation est très important. En face, il y a une « diminution des recettes relatives aux investissements directs étrangers en 2016 à 33,1 milliards de dirhams contre 39,92 milliards de dirhams en 2015, soit une baisse de 17%« . Driss Jettou « recommande aux autorités publiques de mobiliser toutes les ressources à même de faire bénéficier notre pays des opportunités offertes par le développement du commerce international« .

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Déficit du Trésor 

Le premier président de la Cour des comptes a également analysé le déficit du Trésor. Ce dernier ressort à 40,56 milliards de dirhams, soit 4,1% du PIB contre 3,5 % prévu dans le projet la loi des finances 2016 et 4,2% en 2015.

Parmi les facteurs expliquant ce déficit du Trésor, on note: l’augmentation des dépenses d’investissement qui ont atteint 63,2 milliards de dirhams (+7,8% par rapport à 2015), ou encore la stagnation des dépenses ordinaires à 11% du PIB.

Driss Jettou a exprimé de vives inquiétudes quant au fait que ce déficit ne reflète pas la sincérité des comptes. Et pour cause, le calcul ne prend en considération ni les dettes de l’État au profit des entreprises au titre du crédit TVA, ni les dettes générées par l’excédent des paiements au titre de l’impôt sur la société, ni les dettes nées des transactions commerciales réalisées, mais non encore payées par l’État.

Ces montants qui peuvent influer sur le déficit sont importants. En 2016, ils s’élèvent à près de 24,5 milliards de dirhams au titre du crédit TVA et de 7 milliards de dirhams sous forme d’arriérés de paiements.

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