Pour Mohamed Boussaïd, si le Maroc ne passe pas au régime de change flexible, "il subira le sort de l'Égypte"

Le ministre de l'Économie et des Finances revient sur l'impact du retard de la loi des finances, le régime de change et l'endettement dans un entretien accordé aux Inspirations Eco. Extraits.

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Crédit: Rachid Tniouni
Crédit: Rachid Tniouni

Mohamed Boussaïd est optimiste. Le ministre de l’Économie et des Finances n’en démord pas : « hormis quelques difficultés, l’économie nationale se porte bien », affirme-t-il lors d’une interview publiée dans l’édition du 28 juin du quotidien Les Inspiration Eco, avant de répéter les objectifs de taux de croissance de plus de 4,5% en 2017. « Le potentiel existe pour réaliser un taux de croissance entre 5,5 et 6,5% (…) à condition de mettre en place des mesures d’accompagnement« , avance-t-il.

Le ministre RNI s’appuie sur une série de chiffres, notamment une « année agricole excellente » où il anticipe une valeur ajoutée agricole « de plus de 13%« . « Les indicateurs sont aussi bons pour la pêche maritime (+18,7% pour la valeur de débarquement), l’exportation de l’agroalimentaire (+1,6%), l’aéronautique (+9%) et l’électronique (+4,9%)« , poursuit le ministre de l’Économie qui avoue qu’il y a un souci d’équilibre de la balance. Alors que les exportations ont augmenté de 5,3%, les importations, elles, ont progressé de 8,9%. « C’est la facture énergétique en hausse qui a compliqué cet équilibre à cause de l’augmentation du prix du pétrole« , justifie-t-il.

Retard de la loi des finances 2017

Mohamed Boussaïd s’est aussi expliqué sur l’impact du retard du vote de la loi des finances 2017. Un retard imputé au blocage gouvernemental qui a duré plus de six mois. « Grâce à deux décrets, aucun impact ne s’est fait sentir par les citoyens et les entreprises sur la gestion budgétaire« , assure Boussaïd en précisant que 34% du budget d’investissement a été déboursé, comme si la loi avait été adoptée.

« Les problématiques que connaissent les entreprises ne sont pas liées à cette période », soutient le ministre. Il concède tout de même – sans citer de chiffres – que « l’attentisme des opérateurs économiques et la diminution des investissements privés ont marqué cette période« .

Flottement du dirham

« Le gouvernement ne va pas prendre une décision qui va toucher le pouvoir d’achat et la cohésion de notre pays« , a voulu rassurer Mohamed Boussaïd au sujet du régime de change fixe qui va devenir flexible. « Si on ne prend pas cette mesure actuellement, le Maroc subira le sort de certains pays comme l’Égypte« , prévient le ministre de l’Économie. Le pays dirigé par le président Sissi a dû dévaluer sa monnaie, la livre égyptienne.

« Il n’est pas possible d’opter, en même temps, pour une économie ouverte, une politique monétaire indépendante et un régime de change fixe« , assure le Mohamed Boussaïd, qui est en poste depuis 2013. Il précise que l’évolution vers un régime de change flexible est en préparation depuis 2010.

Par ailleurs, le ministre de l’Économie « partage entièrement le point de vue du gouverneur de Bank Al-Maghirb » au sujet des spéculations de certaines institutions financières. La ruée vers les devises de certains opérateurs craignant une dévaluation du dirham avait suscité l’ire d’Abdellatif Jouahri.

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Objectif : diminution de l’endettement

« Je tiens à préciser que l’endettement n’a pas atteint un degré dangereux« , veut rassurer une fois de plus Mohamed Boussaïd. « L’endettement du trésor de 64,7% du PIB a augmenté considérablement au cours de cinq dernières années pour financer le déficit budgétaire« , concède-t-il avant d’ajouter que cet endettement s’est « stabilisé » en 2016. En 2017, l’objectif envisagé désormais est de le faire passer à « moins de 60% du PIB« .
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