Manifestations à Imintanoute contre des factures d'eau jugées "exorbitantes"

Les habitants d'Imintanoute manifestent depuis trois semaines contre un réseau d'assainissement qui ne couvre pas l'ensemble de la ville. Les autorités locales ont tenté de répondre favorablement aux revendications des habitants, mais la colère des habitants n'est pas redescendue.

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Manifestation à Imintanoute. © DR

Ils étaient plusieurs centaines de manifestants à investir les rues le 16 juin à Imintanout, dans la province de Chichaoua. Les habitants de la ville protestent pacifiquement et sans heurts depuis trois semaines contre la facturation « exorbitante » de l’assainissement liquide ( taxe incluse dans la facture d’eau) et demandent l’ouverture d’une enquête au sujet du « retard » dans la mise en oeuvre du projet de traitement des eaux usées dans la ville.

« Les habitants d’Imintanoute sont en colère, car la facture de l’eau pour le mois de mai incluait l’assainissement liquide alors que 50% de la population n’est pas branchée au réseau de l’ONEP. Des quartiers entiers ne sont pas connectés et cela dure depuis trop longtemps« , nous explique Mohamed Annaflous membre de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Imintanoute.

Manifestation à Imintanoute. © DR
Manifestation à Imintanoute. © DR

La manifestation du 16 juin survient à la veille de l’annonce par les autorités locales d’une issue à cette crise qui dure depuis plus de trois semaines. « Suite à plusieurs réunions de la commission de suivi du dossier d’assainissement liquide de la ville d’Imintanout avec les différents acteurs de la société civile, il a été décidé le report du paiement des factures d’assainissement valable pour les maisons qui ne sont pas branchées au réseau principal« , explique un communiqué du pachalik publié le 15 juin dernier. Les habitations non connectées au réseau de l’ONEP « seront exonérées des frais de branchement à la fin des travaux« , ajoute la même source.

Manifestation à Imintanoute. © DR
Manifestation à Imintanoute. © DR

Le pachalik assure dans ce communiqué que l’Office national de l’eau potable (ONEP) s’engage à « accélérer » les travaux de mise en place de réseaux d’assainissement liquide. « Le département de l’eau va créer une cellule de suivi des cas spéciaux et des plaintes de la population et un comité régional ou central fera le déplacement pour veiller à l’avancement du projet« , poursuit le communiqué.

Le responsable local de l’AMDH avance que des habitants ne sont pas convaincus par les promesses des autorités. « Les termes de l’accord, qui stipulaient que les factures soient annulées pour l’ensemble des habitants et qu’une enquête soit ouverte sur le retard cumulé par l’installation du projet d’assainissement, n’ont pas été respectés. C’est ce qui a poussé les habitants à sortir manifester« , explique-t-il.

Les habitants n’en démordent pas pour autant. Une manifestation est prévue « quatre jours après l’aïd« , précise Mohamed Annaflous. Par ailleurs, une pétition sera envoyée à Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur. « Au-delà des factures, ce sont des problèmes sanitaires et écologiques que nous vivons au quotidien. Faites un tour dans la ville et vous allez être happée par les odeurs d’ égouts« , nous dit Mohamed Annaflous.

Selon la même source, l’AMDH a recensé plusieurs cas de leishmaniose, une maladie cutanée transmissible par des moustiques. Répertoriée comme « un problème de santé publique au Maroc » par l’Institut Pasteur, cette maladie aurait proliféré « à cause des problèmes d’assainissement liquide », relève Mohamed Annaflous.

Manifestation à Imintanoute. © DR
Manifestation à Imintanoute. © DR

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