Des dizaines de jeunes ont affronté à coups de pierres et pendant plus d’une heure les forces antiémeutes, qui ont répliqué en faisant usage notamment de gaz lacrymogène dans les ruelles du quartier Sidi Abed. Des manifestations nocturnes quotidiennes se déroulaient depuis une douzaine de jours dans ce quartier, mais jusqu’à présent sans violence et après la rupture du jeûne du ramadan.
Ce jeudi, vers 17H00, des groupes de jeunes se sont rassemblés par surprise dans les ruelles pour manifester. Ils ont été repoussés sans ménagement par les policiers vers un carrefour du quartier, où plusieurs d’entre eux ont alors lancé des pierres sur les forces de l’ordre. Au moins deux personnes ont été blessées: un policier à la mâchoire par une pierre, et un manifestant à la tête par des coups de matraques, a constaté un journaliste de l’AFP. La police a procédé à plusieurs interpellations.
Les affrontements ont cessé vers 18H30, mais les protestataires ont promis de revenir manifester après la rupture du jeûne dans la soirée. »Un groupe d’adolescents et de mineurs voulaient occuper la voie publique, il y a eu intervention des forces de l’ordre, tout est rentré dans l’ordre maintenant« , a commenté à l’AFP une source au sein des autorités locales, qualifiant l’incident « d’escarmouche ».
La province d’Al Hoceima est secouée depuis sept mois par un mouvement de contestation revendiquant le développement du Rif . Quasiment tous les meneurs du mouvement ont été arrêtés ces dix derniers jours, et font face à de graves accusations de « crimes« , notamment « atteinte à la sécurité intérieure de l’État« .
La ville d’Al Hoceima et la localité voisine d’Imzouren sont depuis lors en effervescence, et les manifestations nocturnes y sont désormais quotidiennes, malgré le quadrillage de la police. La situation y était plus tendue ces trois dernières nuits, alors que les policiers prenaient position au coeur de Sidi Abed pour empêcher les manifestants de s’y regrouper dans les rues. Ces derniers ne cessent d’affirmer le caractère « pacifique » de leur mouvement. Des heurts avaient eu lieu les 26 et 27 mai, soit avant l’arrestation de Nasser Zefzafi, le leader du « Hirak » , ainsi que vendredi dernier à Imzouren, autre haut lieu de la contestation.
Depuis le début du mouvement déclenché fin octobre par la mort d’un vendeur de poisson broyé dans une benne à ordure, près de 850 sit-in et manifestations diverses se sont déroulées dans la province, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Rassemblant parfois jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de personnes, ces manifestations ont donné lieu à très peu d’incident. A l’exception notable de l’attaque fin mars d’une résidence de la police par des groupes de jeunes. Une quinzaine de personnes avaient alors été interpellées.
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