L’investiture de la candidate Leila Aïchi aux législatives dans la 9e circonscription des Français de l’étranger a suscité la polémique au Maroc. Attaquée pour être « pro-Polisario », elle s’explique à Telquel.ma.
Chargée d’une pile de dossiers et accompagnée d’un de ses fidèles soutiens, la sénatrice de Paris, Leila Aïchi, arrive d’un pas décidé. La candidate aux élections législatives françaises de la 9e circonscription des Français de l’étranger est venue le 1er juin au Maroc, lors d’une discrète visite quelques jours avant le 1er tour, pour expliquer à Telquel.ma comment cette campagne a pu lui échapper. « Elle a été très violente, dans le prolongement de la violence de l’élection présidentielle qui se répercute sur la 9e circonscription« , constate la candidate qui sort de l’ombre alors qu’elle est restée discrète depuis la polémique sur son soutien ou non au Front Polisario.
Leila Aïchi « persiste et signe » : « Je suis la seule candidate de La République En Marche (LREM) légitimement investie, que ce soit juridiquement ou politiquement« . Pourtant, son nom ne figure plus sur le site de LREM, « à cause de ses positions au sujet du Sahara« , explique Jean-Paul Delevoye, président de la commission nationale d’investiture de LREM contacté par Telquel.ma. « Tous les candidats sur le site ont l’investiture, ceux qui n’y figurent pas ne l’ont pas« , nous affirme Jean-Paule Delevoye, catégorique. A la place, M’jid El Guerrab est « soutenu » par le parti d’Emmanuel Macron, sans être investi. Ce que nie Leila Aïchi. On rembobine le film.
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Une inscription MoDem-LREM
Au milieu de la campagne présidentielle, un accord politique est passé entre Emmanuel Macron et François Bayrou, président du MoDem (centre droit) afin de booster la candidature du nouveau en politique de 6%. Une fois Emmanuel Macron élu, les deux hommes s’accordent pour qu’une liste des députés MoDem se présentent sous les couleurs de la République en Marche (REM) dans le but de former une majorité présidentielle à l’Assemblée nationale.
« Conformément à l’accord politique entre Bayrou et Macron, je suis investie dans la 9e circonscription des Français établis hors de France« , nous explique Leila Aichi, sénatrice de Paris et militante écologiste qui a rejoint François Bayrou. Lors de son inscription au ministère de l’Intérieur, le 11 mai, sous les couleurs de la République en Marche, elle dirige le montant qu’elle percevra à la fin de l’élection vers son parti, le MoDem, toujours « conformément à l’accord entre les deux partis ». En effet, la loi du 11 mars 1988 permet à un parti de percevoir 1,68 euros par an et par voix sur cinq ans, si ce dernier arrive à dépasser le seuil de 1% des suffrages exprimés dans 50 circonscriptions aux législatives. C’est ce qui explique que la candidate apparaît sous l’étiquette « Divers » sur le site du ministère de l’Intérieur. La candidate finalise alors son matériel de campagne, où elle inscrit les logos « En Marche! » et « MoDem », accompagnés d’une photo d’Emmanuel Macron.
Le coup de massue
C’est à partir du 11 mai, où elle a croisé M’jid El Guerrab au ministère de l’Intérieur à Paris, que la machine médiatique et des réseaux sociaux s’active. « Ma page Wikipédia commence à s’enflammer au titre que je soutiens le Polisario« , nous raconte Leila Aichi en sortant une feuille contenant l’historique des modifications qui sont exponentielles. Datée du 12 mai, une précision est ajoutée sur Wikipédia au sujet de son investiture.
Une nomination qui va créer une vive polémique au Maroc à cause de ses nombreuses prises de position en faveur du groupe illégal Polisario. Un grave manque de neutralité qui ne va pas plaider en sa faveur
La candidate est alors, au Maroc principalement, au coeur d’une déferlante médiatique sur son soutien au Front Polisario et sur ses positions au sujet du Sahara dont elle se défend. Un principal antécédent est reproché à la sénatrice de Paris : le parrainage d’un colloque organisé par le Sénat intitulé : « Le Sahara occidental : vers un nouveau nord Mali ? ». « Je parraine ce colloque qui reçoit des hauts fonctionnaires de l’Union européenne, sans en être l’organisatrice. J’y défends la position des Nations unies sur le Sahara« , se défend-elle à Telquel.ma, mettant le doigt sur une campagne médiatique venant de son adversaire qui se revendique aussi d’Emmanuel Macron, M’jid El Guerrab. L’avocate et sénatrice compte même éventuellement l’attaquer en justice, entre autre pour diffamation.
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