L’alerte a été lancée par l’Espace de solidarité et de coopération de l’Oriental (ESCO), une association de défense de l’environnement. Sur la plage de Saïdia, une bétonneuse est en marche pour poser les fondations d’un café. Deux vidéos postées par l’association montrent le béton qui coule. Le long de la plage, une quinzaine d’établissements se côtoient.
Sur le cas particulier mis en lumière par l’ESCO, Mohamed Benata, son président, dénonce une construction interdite sur la plage, en « violation de la législation« . La loi 81-12 sur la protection du littoral prévoit que « les 100 mètres du domaine maritime sont inconstructibles. On peut faire une occupation temporaire avec des matériaux légers. Pas du béton comme on peut le voir à Saïdia« , explique l’activiste qui dénonce une « privatisation de la plage et une destruction des dunes« .
« Ils détruisent la biodiversité »
L’autorisation d’occupation du domaine public maritime est délivrée par la Délégation provinciale du ministère de l’Équipement. Najib Bachiri, président de l’association Humains et environnement à Berkane, nous explique que « le Centre régional d’investissement et la wilaya ont donné le feu vert pour le projet. La direction provinciale de l’équipement de Berkane a donné l’autorisation d’occupation du domaine public maritime sur cette base« . La Direction de l’équipement et le CRI n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
Najib Bachiri dénonce l’impact écologique de ces constructions permanentes sur les dunes sableuses. « C’est une dune. Il faut une étude d’impact environnemental. Ils détruisent la biodiversité. Chaque cordon dunaire a une spécificité. Il n’y a pas d’étude d’impact réalisée ». La commune urbaine de Saïdia est réticente à l’idée de se saisir de l’affaire. « C’est un dossier qui nous dépasse et sur lequel nous ne pouvons pas nous prononcer », nous explique simplement une source au sein de la ville.
Najib Bachiri dénonce également l’absence de réaction du Haut-commissariat aux Eaux et forêts sur ce dossier, alors que les dunes maritimes font partie de son domaine de compétences. Mohamed Benata explique que l’ESCO a déposé une plainte en référé auprès du tribunal administratif d’Oujda pour demander « l’arrêt des travaux« . Cependant « ce dernier s’est déclaré non compétent pour faire arrêter les travaux en urgence« . Sur le fond, l’affaire est toujours devant la justice administrative qui doit statuer sur la légalité de cette construction.
Du côté de la société civile, ces dépassements de la loi sont très mal vus, notamment pour Najib Bachiri. « Cela fait des années, en tant que société civile, qu’on milite pour la loi littorale. Maintenant qu’elle a été adoptée, on n’en voit pas les effets« , s’agace-t-il.
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