S’exprimant le 18 février devant l’Union nationale des travailleurs marocains puis devant la jeunesse du PJD, Abdelilah Benkirane est sorti de sa réserve, et a fixé le retour du roi de sa tournée africaine comme délai pour former un gouvernement.
Plus de quatre mois après la tenue des élections législatives, le Maroc continue de fonctionner sans gouvernement issu des urnes. Une situation légèrement éclipsée par l’actualité du Maroc sur le continent, notamment le retour au sein de l’Union africaine et la tournée effectuée par le roi. Les déclarations de Benkirane ce week-end devant la jeunesse du parti, puis devant son aile syndicale, l’UNMT, permettent de faire le point sur les tractations.
Le retour du roi comme horizon temporel
Devant la jeunesse du PJD réunie dans la matinée du 18 février, Abdelilah Benkirane a expliqué « attendre le retour du roi pour lui présenter la liste des membres du gouvernement ou lui annoncer mon échec« . C’est la première fois que Benkirane s’impose un horizon temporel pour la constitution de son exécutif.
Il a profité de l’occasion pour rappeler qu’il est doté d’un mandat populaire selon lequel il lui échoit de constituer un gouvernement, s’interrogeant sur « la valeur réelle de la voix des citoyens marocains« . S’il déplore le blocage, le Chef du gouvernement désigné assure ne pas vouloir aller à la confrontation avec l’État, et déclare être prêt à revenir dans l’opposition « à condition qu’il y ait une issue constitutionnelle« .
Il a ainsi appelé ses soutiens à adopter « une posture sage » et s’est dit prêt à « dissoudre le parti ou se retirer du gouvernement et des communes » s’il le faut, rapporte Al Ahdath Al Maghribiya dans son édition du 20 février.
L’UC rentre, l’USFP divise toujours
Le chef du Gouvernement a fini par accepter l’idée d’intégrer l’Union constitutionnelle à sa majorité gouvernementale, sujet qui a longtemps constitué un point d’anicroche entre le RNI et le PJD. Après avoir appelé à « reconduire la même majorité« , Benkirane a fini par adopter une position plus conciliante face au parti de Laenser.
On ne peut pas en dire autant de la participation du parti de la rose au gouvernement. Depuis le début des tractations, Abdelilah Benkirane s’oppose à l’entrée de l’USFP dans l’exécutif. Devant les syndicalistes de l’UNMT, le Chef de gouvernement a réitéré son refus de composer avec l’USFP qui de son côté, tient justement à participer au gouvernement aux côtés du RNI et de l’UC. Une condition inacceptable pour le secrétaire général du PJD, qui estime que « le choix des urnes doit être respecté ».
Abdelilah Benkirane a rappelé au passage avoir déjà accepté des concessions en accordant à l’USFP la présidence de la chambre des représentants, échue à Habib El Malki. Al Ahdath Al Maghribia rapporte cependant que cette position vis-à-vis de l’USFP n’est pas partagée par tous au sein du PJD. Certains cadres seraient ouverts à l’idée d’une coalition intégrant le parti de Driss Lachgar.
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Vers un arbitrage royal ?
Les déclarations de Benkirane notamment en ce qui concerne un échec potentiel des négociations, laissent planer le doute sur l’issue de cette situation du point de vue constitutionnel. Rendra-t-il le tablier, laissera-t-il la place à un autre cadre du PJD pour mener les négociations? La question reste en suspens.
La constitution reste en effet muette sur les étapes à suivre en cas d’impossibilité de former un gouvernement. Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives sur le plan politique, que Benkirane soit en mesure de former un gouvernement ou non, et sur le plan de la loi suprême, puisqu’elles nous éclaireront sur l’interprétation de la constitution dans le cas d’échec des négociations.
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