Affichage urbain: FC Com respecte-t-elle son contrat avec la ville de Rabat?

Dans une publication partagée sur Facebook, la FGD fait état de "données choquantes" concernant les "pratiques" dans le domaine de l’affichage à Rabat. Le parti pointe du doigt l’entreprise FC Com, détenue par Mohamed Mounir Majidi, qui utilise pourtant ses panneaux selon les conditions prévues avec la ville.

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Crédit : Tniouni/Aicpress

Dans une publication Facebook datant du 13 février, et relayée par plusieurs de ses élus, la Fédération de la gauche démocratique (FGD) fait état de « données choquantes sur les pratiques et les prix pratiqués«  dans le domaine de l’affichage dans la ville de Rabat. Selon la FGD, 153 des 299 panneaux publicitaires que compte la capitale sont exploités alors que le contrat liant plusieurs entreprises exploitantes et la municipalité de Rabat « sont arrivés à échéance en 2012 et 2013« .

Parmi les entreprises pointées du doigt par le mouvement de gauche, figure la compagnie FC Com, détenue par le secrétaire particulier du roi, Mohamed Mounir Majidi. La société paie une redevance « ne dépassant pas 1.000 DH/mois pour les panneaux fixes et 1250 DH/mois pour les panneaux dynamiques« , dénonce la FGD. L’entreprise exploite actuellement 234 panneaux publicitaires, répartis sur cinq contrats différents, selon un document de la municipalité de Rabat récapitulant l’ensemble de ces contrats que TelQuel.ma a pu consulter.

Avant-garde de l’affichage

Ces documents révèlent également que les redevances payées par les autres entreprises exploitant les panneaux publicitaires de la capitale sont presque deux fois plus importantes que celles payées par FC Com. Interrogé sur ces tarifs, l’avocat de Mounir Majidi, Hicham Naciri, rappelle que: « l’entreprise a été lancée dans les années 90. À l’époque, l’affichage urbain n’existait pas et ne suscitait pas d’intérêt que ce soit du côté des opérateurs ou des collectivités locales« .

Selon les documents de la mairie de Rabat, cinq contrats ont été signés entre FC Com et la municipalité de la capitale. Le premier a été paraphé le 14 octobre 1998, est valable pour une période de 30 ans renouvelable, et concerne 81 faces. Le montant de la redevance est fixé à « 5% du chiffre d’affaires annuel » et celui-ci ne fait pas l’objet d’une révision annuelle. Les quatre autres contrats sont signés sous les mêmes conditions, mais se voient appliquer une redevance minimum de 12.000 dirhams.

Trois de ces contrats ont été signés le 19 juillet 2000 avec les arrondissements de Hassan, Agdal, et Youssoufia, le quatrième a été conclu avec l’arrondissement de Yaacoub El Mansour le 31 janvier 2001. Seul le contrat signé avec l’arrondissement d’Agdal voit sa redevance révisée tous les trois ans dans le cadre d’une augmentation pouvant aller de « 5 à 15% ». L’ensemble de ces contrats est « reconductible tacitement pour une période de trois ans », indiquent les documents de la municipalité de Rabat qui ne précisent pas s’ils peuvent être renouvelés indéfiniment ou à une seule occasion.

Différence de tarification

Six des huit autres entreprises exploitant des panneaux publicitaires à Rabat doivent reverser une redevance estimée à « 10% du chiffre d’affaires annuel avec un montant minimum de 20.000 dirhams« . Le montant des redevances versées dans le cadre de ces six contrats fait l’objet d’une « augmentation annuelle de 4% qui se fait de manière tacite« Les entreprises concernées par ces contrats sont Bio Alpha, City Pub, Esprit Pub, New Publicity, Smarty Pub et Urbania. L’ensemble de ces compagnies, dont les contrats avec la municipalité de Rabat sont arrivés à terme, paient des redevances plus importantes que FC Com.

Pour Hicham Naciri, ce « décalage de redevances » s’explique « par l’antériorité des contrats, conclus en 1998, puis renouvelés en 2000 par rapport à des concurrents arrivés en 2002, attirés par un nouveau marché développé par FC Com, et qui ont proposé 20.000 dirhams« . Le montant fixé par la municipalité de Rabat à FC Com est calqué sur celui « des redevances de Casablanca, alors en vigueur« , selon l’avocat. On notera que les détails relatifs aux contrats signés par Publi-Espace et Global Office, les autres acteurs de l’affichage urbain dans la capitale, ne sont pas indiqués sur les documents du Conseil de la ville de Rabat.

« Service à la collectivité »

La FGD affirme dans son communiqué que 153 panneaux publicitaires de la capitale sont exploités illégalement, ce qui inclurait automatiquement une partie des 234 panneaux publicitaires utilisés par FC Com. Une affirmation que Hicham Naciri balaie. Selon lui, « l’ensemble des panneaux exploités par l’entreprise sont sous contrat. Les contrats signés avec la municipalité couvrent généralement une période de neuf ans et sont reconduits tacitement pour des durées consécutives de trois ans. Si personne ne dénonce ces contrats, ils continuent à être appliqués« .

L’avocat de Mounir Majidi affirme que FC Com « est à jour de l’ensemble des redevances, contrairement à de nombreuses autres entreprises du secteur« . Selon les documents de la mairie de Rabat, seules deux des neuf entreprises exploitant les panneaux publicitaires de la capitale, FC Com et Global Office, sont en règle.

Hicham Naciri rappelle également que l’entreprise de son client est chargée de l’exploitation des abribus. Une « activité structurellement déficitaire, qui a plus vocation à rendre service à la collectivité qu’à engranger des bénéfices. FC Com y perd de l’argent en raison d’un coût d’entretien élevé à cause de leur dégradation récurrente. FC Com dépense des sommes importantes en entretien en raison des dégradations qu’ils subissent ». En 2015, la mairie de Rabat a perçu 197.423 dirhams au titre de l’exploitation des abribus.

Ces révélations suscitent de nombreuses interrogations émanant de l’opposition municipale. Pour l’élu FGD de la ville de Rabat, Omar Hyani, les révélations de son parti poussent à s’interroger sur la pertinence des contrats signés entre les entreprises exploitantes et la ville « au vu des redevances dérisoires » perçues par celles-ci. « Pourquoi le Conseil de la ville n’a pas résilié ou au moins révisé les contrats au moment de leur expiration?« , s’interroge le conseiller alors que son parti déplore « un manque à gagner en millions de dirhams pour la ville » dans sa publication Facebook du 13 février.

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