Des centaines de personnes n’ont pas pu embarquer dans leur avion à travers le monde à cause du décret anti-immigration promulgué le 27 janvier par Donald Trump qui interdit l’accès au territoire aux ressortissants de sept pays musulmans. Le Maroc est-il aussi concerné? « Nous avons constaté avec effarement des refus de plusieurs compagnies aériennes, quand bien même ces personnes étaient détentrices d’un titre de séjour en bonne et due forme« , dénonce le Groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants au Maroc (Gadem).
L’ONG s’inquiète de la possible application du décret par les autorités marocaines et par la Royal Air Maroc (RAM). « Nous tenons à rappeler le droit: les personnes qui possèdent des documents légaux et transitant par les aéroports du royaume, doivent être autorisées à embarquer. Ce n’est pas à la RAM ni au Maroc de faire le jeu malsain d’une décision irréfléchie, et au fondement raciste« , déclare l’association dans un communiqué « préventif », pour reprendre les termes de Mehdi Alioua, président du Gadem.
Aucun passager de la RAM concerné
Un responsable de la RAM, contacté par Telquel.ma, admet que la compagnie aérienne marocaine a dû changer les conditions d’embarquement des ressortissants des sept pays concernés par le décret (Libye, Irak, Iran, Soudan, Somalie, Syrie et Afghanistan). « Pour éviter que les passagers concernés par la mesure aient des tracas à l’arrivée, nous allons leur demander un document obtenu auprès des services consulaires américains les autorisant à entrer sur le territoire« , nous explique le responsable de la RAM.
Pour l’instant, aucun passager de la compagnie marocaine n’a été concerné par l’application du « MuslimBan » de Donald Trump qui a provoqué une vague l’indignation aux États-Unis et à travers le monde. « La chance que l’on ait un passager de ces nationalités est très faible puisque l’on n’a aucune liaison directe avec ces pays pour offrir une correspondance avec les États-Unis« , nous explique notre interlocuteur.
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Le responsable de la RAM nous affirme que face à l’absence de précisions sur le rôle des transporteurs aériens de la part des États-Unis, « les responsables juridiques de la compagnie sont en train de discuter avec l’aviation civile américaine des mesures à prendre afin de préciser comment cette mesure nous concerne« .
Ce que font les autres compagnies aériennes
De nombreux transporteurs aériens ont déjà appliqué le décret, bloquant des centaines de personnes. C’est le cas de la compagnie Swiss qui a expliqué à l’AFP le 28 janvier qu’elle appliquait « dès à présent » le décret Trump, et qu’elle n’avait « pas le choix« . « Nous avons l’obligation légale d’appliquer ce décret« , a affirmé Lorenzo Stoll, directeur général de la compagnie, sur la Radio télévision suisse (RTS).
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De son côté, Air France a indiqué le 29 janvier avoir refusé d’embarquer une quinzaine de personnes vers les États-Unis depuis la signature du décret Trump. Ces passagers sont des ressortissants des sept pays mentionnés dans le décret, « mais cela ne veut pas dire qu’ils venaient forcément de ces pays« , a précisé un porte-parole.
Pourtant, la légalité de ce décret est remise en question par la justice aux États-Unis. La juge fédérale Ann Donnelly, limogée le 31 janvier, a décidé une suspension partielle du décret pour les personnes déjà arrivées dans des aéroports américains avec un visa valide afin qu’elles soient autorisées à entrer dans le pays. Les procureurs généraux de 15 États et du district de Columbia ont aussi condamné ce décret le 30 janvier, le jugeant « anticonstitutionnel, non américain et illégitime« .
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