Coalition gouvernementale: blocage en vue?

Alors qu'Abdelilah Benkirane annonce d'ores et déjà la composition de sa majorité, Aziz Akhannouch accueille mal cette sortie et se dit disposé à rencontrer les autres partis, notamment son allié de l'UC.

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Abdelilah Benkirane (d.) et Aziz Akhannouch. Crédit: Yassine Toumi

Les négociations pour la formation du gouvernement risquent-elles de revenir au point de départ? Alors que le chef du gouvernement désigné s’empresse d’annoncer une coalition formée de la majorité sortante, le président du Rassemblement national des indépendants (RNI) affirme qu’il est prêt à rencontrer les partis laissés sur la touche par Benkirane, notamment l’UC, avec laquelle le RNI avait annoncé la formation d’un groupe parlementaire commun.

Abdelilah Benkirane a annoncé le 6 janvier que le prochain gouvernement serait composé des partis de la majorité précédente seulement, emboitant le pas à Mohand Laenser (MP) et Nabil Benabdellah qui avaient fait des déclarations similaires. « La prochaine majorité sera composée du Parti de la Justice et du Développement (PJD), du Rassemblement national des indépendants (RNI), du Mouvement populaire (MP) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS) », a-t-il déclaré en marge d’un colloque. Le chef du gouvernement désigné a aussi estimé que la balle était désormais dans le camp de ces partis.  « J’ai discuté avec les secrétaires généraux des partis et j’attends leur réponse pour examiner les détails relatifs à la présidence du parlement (Chambre des représentants) et aux portefeuilles ministériels« , a-t-il enchaîné.

Majorité (trop) simple?

Cette sortie a été mal accueillie par le président du RNI, Aziz Akhannouch. Dans une déclaration écrite envoyée à la presse, le principal partenaire de négociation d’Abdelilah Benkirane fait part indirectement de sa désapprobation.

Il se dit en effet disposé à rencontrer l’Union constitutionnelle (UC) et l’Union socialiste des forces populaires (USFP), deux partis que Benkirane écarte des négociations. « Nous avons pris acte avec grand intérêt du communiqué de l’Union constitutionnelle concernant les négociations et l’appel de l’USFP qui souhaite rencontrer les autres parties« , peut-on lire dans la communication d’Akhannouch. Le président du parti de la colombe fait référence à la sortie de l’UC qui regrettait que le parti du cheval soit écarté des négociations pour la formation du prochain exécutif. La reconduite de la majorité sortante est « dangereuse » et  » met à mal l’indépendance partisane et la libre prise de décision« , a estimé le parti. L’UC, qui a annoncé avec le RNI la création d’un seul groupe parlementaire dans l’hémicycle, estime que cette proposition « appelle d’une façon directe à la rupture entre deux partis (le RNI et l’UC, ndlr) qui ont décidé avant le début des tractations de se rapprocher, de former un seul groupe à la Chambre des représentants et d’amorcer une alliance stratégique ».

L’USFP n’avait pour sa part pas été évoqué au moment de la reprise des négociations il y a deux semaines. Dans des déclarations à Telquel.ma, Driss Lachguar est resté sibyllin en estimant que sa formation « ne court pas derrière les maroquins ».

Toujours est-il qu’Akhannouch propose de rencontrer les dirigeants de ces partis, afin « d’ échanger les vues et approfondir le débat » dans l’espoir de former « une majorité forte à la hauteur des ambitions des Marocains« . Ce dernier point est loin d’être anodin. « Les quatre partis que propose Benkirane ne donnent qu’une majorité de 201 sièges, soit trois de plus que le minimum pour former une majorité simple. Que se passera-t-il si des députés perdent leur siège, après une décision du Conseil constitutionnel par exemple?« , s’interroge une source proche des négociations, pour qui un tel scénario fragiliserait d’emblée la future coalition.

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