Alep est devenue un champ de bataille. Obus, bombes et barils d’explosifs n’arrêtent pas de pleuvoir sur la ville stratégique depuis plus d’une semaine. Après huit jours de combats intensifs, le régime syrien, appuyé à la fois par les forces russes et par le Hezbollah libanais, a continué son offensive.
1- La cible des attaques : les quartiers d’Alep-est
Ces quartiers sont principalement aux mains des rebelles depuis 2012. Après une première grande avancée au mois de juillet, le régime de Bachar Al-Assad veut reconquérir toute la ville d’Alep. Avec la reprise du quartier stratégique de Massaken Hanano, dans le nord-est de la ville, la victoire semble de plus en plus se rapprocher.
Pour le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, « il s’agit de la plus importante percée » des forces gouvernementales « dans les quartiers rebelles jusqu’à ce jour » car la prise de Massaken Hanano permet d’« avoir en ligne de mire plusieurs autres zones rebelles ».
2- Utilisation de barils de chlore
Selon une ONG proche de l’ONU, dotée d’un réseau d’informateurs sur le terrain, au moins quatre barils sont tombés sur les quartiers d’Alep-est. Les civils se sont retrouvés à suffoquer dans les rues. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui mène une enquête sur de telles attaques dans la ville syrienne, a accepté l’aide proposée par la Russie de fournir des éléments « pouvant être utiles » dans leurs investigations.
3- Un bilan qui grimpe
Les combats ont déjà fait 143 morts, dont 19 enfants depuis une semaine, selon un bilan donné par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’ONG Save the Children a jugé « scandaleux d’un point de vue moral » que des enfants continuent de souffrir et de mourir à Alep, principal front de la guerre en Syrie, dans un communiqué publié le 23 novembre.
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4- L’état de siège se prolonge
Dans les quartiers d’Alep bombardés, ils sont encore 250 000 civils à vivre dans les ruines. Le régime de Bachar al-Assad a accusé le 22 novembre les rebelles de les retenir pour « les utiliser comme otages et boucliers humains ».
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Les civils vivent alors en état de siège depuis le mois de juillet, lorsque l’armée de Bachar Al-Assad a pris le contrôle des voies de passage vers les quartiers rebelles. « Les civils sont isolés, explique Stephen O’Brien, responsable des opérations humanitaires de l’ONU. Ils sont affamés, bombardés et privés d’aide médicale et d’assistance humanitaire afin de les forcer à se soumettre ou à fuir. C’est une tactique délibérée et cruelle. »
5- Impossibilité de fuir
Les habitants tentent alors de fuir vers d’autres quartiers d’Alep et d’occuper des maisons inhabitées pour se réfugier et fuir les bombardements. Au total, une centaine de familles ont tenté de fuir la partie assiégée de la ville syrienne, mais en ont été empêchées par des tirs, rapporte mercredi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
6- Plus aucun hôpital n’est opérationnel
Cibles des bombardements, plus aucun hôpital ne fonctionne selon l’OMS qui s’inquiète pour les milliers de personnes privées de soins hospitaliers. Certes, des services de santé « sont encore disponibles dans de petites cliniques » explique l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mais le traitement des traumatismes, les interventions chirurgicales majeures et d’autres soins d’urgence ne sont plus assurés.
As of yesterday barely any functional hospital left in E #Aleppo able to treat those who escaped death..hospitals being bombed into oblivion
— Mark Lowcock (@UNReliefChief) November 21, 2016
7 – Blocage international
La communauté internationale se retrouve incapable d’organiser une contre-offensive. « Rarement dans l’histoire de ces cinquante dernières années, à l’exception peut-être du Rwanda, aura-t-on vu ce qu’on appelle la communauté internationale assister en spectatrice impuissante à une crise humanitaire d’une telle ampleur », affirme à l’AFP Karim Bitar de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Toutefois, l’administration Obama ne veut pas dépasser l’objectif fixé en Syrie, c’est-à-dire combattre l’organisation Etat islamique. Avec les Etats-Unis en pleine transition politique, « ni les Britanniques ni les Français ne peuvent faire grand-chose », selon Karim Bitar. Le président américain élu Donald Trump, en attendant de prendre ses fonctions en janvier, est moins hostile à Bachar Al-Assad. Il est déjà en train de discuter avec Moscou de la politique à mener en Syrie.
Source : AFP
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