Lors du grand oral de Sciences-Po organisé à Casablanca le 6 septembre, Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS (Parti du progrès et du socialisme) est longuement revenu sur l’ambiance qu’il juge « malsaine » avant les élections du 7 octobre, clouant au pilori le fameux “tahakoum” (autoritarisme) et confirmant son alliance indéfectible avec Abdelilah Benkirane, qu’il compte suivre quels que soient les résultats du scrutin.
« L’ambiance est malsaine avant les élections. Les programmes, les positions et les projets sont les grands absents de cette campagne électorale », lance d’emblée Benabdellah, qui attaque sans le nommer son principal challenger de l’opposition, à savoir le Parti authenticité et modernité (PAM), conduit par Ilyass Elomari. « On essaie de nous vendre l’opposition entre conservateurs et modernistes alors que la vraie confrontation est entre ceux qui ont un projet d’attachement à la démocratie, et qui sont de tous bords, et ceux qui souhaitent asservir le champ politique et économique », accuse-t-il. Craint-il un tripatouillage des résultats ? « Je refuse de croire qu’on va toucher aux urnes, car les réseaux sociaux sont là, le peuple est vigilant et le contrôle existe même si l’on fait tout pour essayer d’inverser les résultats ».
« Des partis sont incapables de décider par eux-mêmes »
Au sujet du tahakoum, Benabdellah affirme qu’il « n’existe pas que dans l’imagination de certains comme on l’entend dire ». Pour preuve, selon lui, « des partis, même au sein de la majorité, sont incapables de décider par eux-mêmes et leurs décisions sont prises ailleurs ». Le secrétaire général du PPS dénonce aussi le fait « que des partis politiques aient été plumés de leur candidat sans que personne n’ose rien dire », assurant être prêt à donner des noms, même si au final il n’ira pas jusque là.
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Benabdellah ne s’est pas arrêté en si bon chemin, allant même jusqu’à dire que « la politique, à l’ère du PAM » présente des ressemblances avec la période des « généraux Mohamed Oufkir, Ahmed Dlimi et de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss El Basri ». La différence entre « l’ancien et le nouveau tahakoum » est que, selon Benabdellah, « le premier s’opérait depuis l’intérieur de l’État en trafiquant les résultats des élections et en contrôlant la carte électorale, alors que dans l’ère du PAM, il est exercé par des gens qui ne font pas partie de l’État ».
« Le PAM ne me dérange pas comme parti », précise-t-il. Ce qui me dérange, énonce-t-il, c’est la « domination à travers la pression, la contrainte et d’autres moyens ». Et de s’interroger : « D’où ce parti tire-t-il sa force ?» .
Concernant les promesses électorales du parti du tracteur (légalisation de la culture du cannabis, abrogation des articles liberticides du code pénal, etc), Benabdellah affirme que ce dernier ne peut pas les concrétiser dans la mesure où il va se retrouver « confronté aux institutions religieuses de l’État qui rejettent ce genre de choses. »
Le PPS est « obligé de composer avec le PJD dans la phase actuelle »
Benabdellah est largement revenu sur son alliance avec le PJD. « Même si nous ne sommes pas du même bord idéologique, on nous a appris au PPS la politique des alliances. On peut s’allier avec des partis qui ont une autonomie de décision et qui sont démocrates. Il peut y avoir des gens de droite qui sont démocrates et Benkirane fait partie de ceux là », signifie-t-il. Et d’ajouter : « Dans la phase actuelle, le PPS est obligé de composer avec le PJD pour combattre le tahakoum. »
Benbadellah, issu d’un parti d’anciens communistes, a même pris la défense du bilan d’Abdelilah Benkirane sur les libertés publiques. « Les islamistes n’ont pas porté atteinte aux libertés publiques, et il n’ y a eu ni actes ni lois qui ont touché à nos libertés », atteste-t-il.
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« Benkirane a eu le courage de toucher à la compensation »
Le volet économique, notamment les réformes impopulaires de la Caisse de compensation et des retraites, ont été commentées par le chef du parti du livre. Pour Benabdellah, « Benkirane a eu le courage de toucher à la compensation, car sans cette réforme, on aurait été en déficit total et il n’ y aurait plus eu de Plan Vert ou de Plan d’accélération industrielle. »
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