Mohammed VI et les Bongo, une vieille amitié

Ali Bongo et Mohammed VI se connaissent personnellement de longue date. Leurs pères étaient déjà proches.

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Le roi Mohammed VI et le président gabonais Ali Bongo. Crédit: MAP

Ali Bongo a été proclamé vainqueur du scrutin présidentiel du 31 août par la commission électorale de son pays. Une réélection contestée par l’opposition, et qui s’est soldée par des heurts violents qui ont secoué le Gabon. Mais au delà de ces affaires internes, la confirmation de Bongo à la tête du Gabon est l’occasion de revenir sur les relations qui le lient au roi Mohammed VI.

Les deux hommes jouissent de relations privilégiées liant leurs États avant même qu’ils n’arrivent tous deux au pouvoir. Leurs pères étaient proches. Alors, quand les deux chefs d’État se rencontraient, leurs enfants se fréquentaient également, notamment lors des vacances prises dans le palais présidentiel de Libreville. Et inversement : « Le Maroc deviendra une des destinations privilégiées de la famille Bongo avant qu’elle n’y construise sa propre demeure. Il s’y raconte même qu’Ali Bongo Ondimba et Mohammed VI ont appris à se connaître en jouant dans les multiples pièces des palais de Rabat et de Fès », écrit le site d’information GabonEco. Ils sont tous deux de la même génération, Ali Bongo est l’aîné de Mohammed VI de seulement quatre ans.

À la mort d’Hassan II, le nouveau duo Mohammed VI/Ali Bongo

Ensuite, à la mort d’Hassan II, Omar Bongo a pris le jeune Mohammed VI (qu’il a rencontré pour la première fois alors qu’il avait 12 ans) sous son aile, à en croire ses déclarations au magazine Jeune Afrique. « J’ai toujours considéré le prince comme mon propre fils », assure-t-il. Une affection réciproque, d’après lui. « Après avoir porté son père en terre, il s’est immédiatement jeté dans mes bras et a pleuré, presque comme un enfant », raconte-t-il. Il se rend au Maroc en octobre 1999 pour une visite privée et à l’occasion s’entretient avec Mohammed VI, intronisé seulement trois mois auparavant.

Puis Omar Bongo continue fréquemment de se rendre dans le royaume : en 2000, 2001, 2003 (visites privées) et en 2002 (mini sommet africain)… Et Mohammed VI est toujours en contact avec Ali Bongo, il le reçoit par exemple en 2004 et en 2005 alors qu’il est ministre de la Défense.

Au décès d’Omar Bongo, la continuité assurée avec Ali

Alors, quand Omar Bongo décède en 2009 et que son fils Ali prend la relève du pouvoir, les relations déjà personnelles liant le nouveau président gabonais à Mohammed VI semblent se consolider (même si c’est le ministre des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri qui représente le souverain lors de la cérémonie d’investiture). D’abord, le monarque félicite très chaleureusement l’élection de son homologue. Aux références habituelles (qui varient très peu d’un État à l’autre) aux bonnes relations bilatérales qu’entretiennent les deux pays, s’ajoute cette fois-ci une déclaration quant aux qualités dont fait preuve Ali Bongo. Son accession au pouvoir « reflète, de manière éclatante, la foi inébranlable du peuple gabonais frère en vos qualités humaines avérées, en votre sagesse affirmée et en vos capacités d’homme d’État expérimenté à même de réaliser les ambitions de son peuple qui aspire à davantage de progrès et de prospérité dans la stabilité et la quiétude », écrit le souverain en 2009 dans son message adressé à Bongo.

Ensuite, les visites officielles sont régulières. En mars 2013, Mohammed VI s’est arrêté au Gabon, dernière étape d’une tournée africaine qui l’a mené au Sénégal et en Côte d’Ivoire. En juin 2015 encore, Mohammed VI s’est rendu au Gabon pour signer des accords de coopération et des promesses d’investissements. La dernière visite remonte a quelques mois : en avril 2016, Ali Bongo s’est rendu dans plusieurs villes marocaines. À Fès, il a notamment assisté à la prière du vendredi avec le roi.

Mohammed VI et le président gabonais accomplissent la prière du vendredi à Fès.
Mohammed VI et le président gabonais accomplissent la prière du vendredi à Fès.

Les deux premières dames se connaissent également. Leurs fondations éponymes ont travaillé conjointement à améliorer le centre de cancérologie du CHU de Libreville, vu que la Fondation Sylvia Bongo Ondimba s’est davantage impliquée dans la lutte contre le cancer ces dernières années.

Plus récemment, les liens étroits se sont illustrés par un acte diplomatique de taille. C’est Ali Bongo qui a paraphé la motion de demande de « suspension des activités de la RASD » à l’Union africaine (UA). Il se présente ainsi comme le porte-parole des « 28 », le groupe de soutien du retour du Maroc dans l’UA.

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