Au Maroc, les arrestations des dé-jeûneurs se poursuivent durant ce ramadan. Mais qu’en est-il des autres pays du Maghreb ? En Algérie, même si aucune arrestation de non-jeûneurs n’a été constatée cette année, des activistes dénoncent ce qu’ils appellent « un véritable climat de terreur qui plane sur toute personne qui aurait l’intention de manger » . Chez nos voisins algériens, « la menace vient non seulement des services de sécurité algériens, qui agiraient à titre individuel semble-t-il, mais aussi des citoyens algériens, […] qui s’érigent en avocats de Dieu sur Terre », peut-on lire sur le site kabyle Tamurt.info.
En Algérie, si aucune loi ne punit concrètement la rupture du jeûne durant le mois sacré, l’article 144 bis 2 du code pénal prévoit « des peines d’emprisonnement de trois à cinq ans pour quiconque offensera le prophète […] et dénigrera les dogmes de l’islam par voie d’écrit, de dessin, de déclaration et de tout autre moyen ». Une loi qualifiée d’évasive par de nombreux militants des droits de l’Homme, qui rappellent qu’en 2010, une quinzaine de personnes avait été jugée pour avoir rompu le jeûne en public, dont un qui a écopé de deux années ferme, une première dans ce pays. Plus récemment, le site Tsa-algérie.com rapportait l’arrestation de sept non-jeûneurs le 16 juin à Collo, petite localité située dans la wilaya de Skikda.
Dans le pays de Bourguiba, où la liberté de conscience est garantie par la constitution, de plus en plus de voix s’élèvent contre le climat d’intolérance qui sévit à l’encontre des non-jeûneurs depuis la révolution de 2011. Pour contrer cette vague conservatrice, le Collectif pour la défense des libertés individuelle a adressé, le 6 juin, une lettre aux autorités afin que celles-ci garantissent les libertés durant le mois de ramadan. « L’année dernière, la police a multiplié les descentes dans les cafés et restaurants, prenant ainsi en chasse les personnes qui ne jeûnaient pas. Pourtant, rien n’interdit de manger durant le mois de ramadan », rappelle le collectif qui exhorte la justice à respecter « son rôle de protecteur des droits et libertés constitutionnellement garantis ».
Malgré l’absence de loi liberticide, de nombreux tunisiens dénoncent les pratiques du ministère de l’Intérieur qui « agirait à coups de directives » pour enjoindre les gérants de cafés et de restaurants à ne pas servir les citoyens musulmans, selon le site d’informations Tuniscope. « J’étais avec mon ami français, tous les trois cafés qui sont ouverts à Sidi Bou ont refusé de me servir parce que je suis tunisien, mais ils servaient les touristes. Et lorsque j’ai protesté, ils m’ont dit que c’étaient les indications de la police et qu’ils ne pouvaient rien faire », déplore Hamadi, un jeune tunisien, témoignant auprès de la même source, qui a tenté à trois reprises de prendre un café dans trois établissements différents, sans succès.
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