Invité de l’émission L’Esprit de l’escalier, de la Radio Communauté Juive (RCJ), dimanche 8 mai, le philosophe et académicien français Alain Finkielkraut s’est fait remarquer par une nouvelle saillie. Passant en revue l’actualité de la semaine, ce dernier s’est penché sur la récente élection du nouveau maire de Londres Sadiq Khan. Selon lui, la nomination du maire musulman a été évoquée par les médias, notamment français, uniquement pour ses origines, plus que pour cses idées.
Dans une discussion, plutôt censée au départ, le philosophe s’est rapidement monté le bourrichon : «Nous avons assisté à un duel entre celui qu’on a présenté comme le candidat musulman, fils d’un chauffeur d’autobus immigré du Pakistan et le fils d’un milliardaire juif (…)» a-t-il entonné. Elisabeth Lévy, son interlocutrice, tente de détendre l’atmosphère du débat, mais Finkielkraut renchérit :«La sensibilité égalitaire va au-delà même des rêves de Bourdieu : être un héritier tend à devenir un handicap politique. En société multiculturelle, la noblesse consiste à venir d’un milieu défavorisé et immigré… ».
Très vite, le débat ne porte plus sur l’élection et le programme du nouveau maire de Londres, mais sur une supposée lutte des classes sociales entre le musulman et le juif . «Je n’aime pas cette opposition… Je ne vois pas pourquoi le fait de venir d’un milieu favorisé… riche, même… vous disqualifie…» Et de tenter d’expliquer : «C’est ça qui s’est dit ! C’est celui qui, d’une certaine manière a la “bonne origine” parce qu’il vient d’un milieu modeste… parce qu’il est d’origine musulmane…».
Finkielkraut, se demande s’il sera bien vu, dans un futur proche, de ne pas avoir bénéficié dans son enfance d’une «certaine pratique des loisirs, de la fréquentation des musées, de l’habitude des rayons de livres et d’un bon usage de la langue», comme pour sous-entendre que celui qui vient d’un milieu défavorisé attire le plus de compassion. L’académicien a omis que l’actuel maire de Londres a eu une scolarité des plus normales et a exercé des hautes fonctions au sein de plusieurs ministères. «Cette image de la victoire du musulman pauvre sur le juif riche [lui] laisse un goût amer», glisse Alain Finkielkraut en conclusion d’un débat qui fera date.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer