L’animateur Yann Barthès va quitter «Le Petit Journal», l’émission satirique culte de la chaîne française Canal+, mais son départ ne signera pas l’arrêt de ce programme réputé pour son impertinence où les hommes politiques étaient souvent malmenés. «Je ne présenterai plus Le Petit Journal la saison prochaine. Je souhaite écrire avec les équipes de Bangumi (la société de production de l’émission, dont Yann Barthès est le cofondateur, NDLR) une nouvelle histoire et vivre de nouvelles aventures», a-t-il déclaré à l’AFP sans autre commentaire. Contactée, la direction de Bangumi, a précisé avoir informé Canal+ de ce départ il y a deux semaines. L’animateur de 41 ans présentera son dernier «Petit Journal» le 23 juin, point final de sa cinquième saison.
Une rumeur insistante annonçait parallèlement l’arrivée de l’animateur sur France 2. Bangumi, qui produit entre autres «Le Petit Journal» et «Le Supplément» avait réussi à décrocher sur le service public la case culturelle de France 2 pour la saison prochaine avec «Stupéfiant», un magazine culturel diffusé le mercredi ou vendredi en deuxième partie de soirée en alternance avec «Ce soir ou jamais!». Ce nouveau format n’a pas encore trouvé son présentateur mais il ne s’agira pas de Yann Barthès. Selon Europe 1, Yann Barthès, lui, devrait se voir confier une émission hebdomadaire sur France 2 dans l’esprit satirique et impertinent de ce qu’il fait aujourd’hui sur Canal+. Mais la direction de France Télévisions dément. «Il n’y a pas de discussions à ce stade avec Yann Barthès».
Sur la chaîne cryptée, «Le Petit journal», qui mélangeait humour et information, était devenu depuis deux ans la plus regardée des émissions en clair de la chaîne cryptée, avec de 1,1 à 1,4 million de fans, notamment les jeunes. Canal+ annonce, sur son compte Twitter et dans un communiqué, que «Le Petit Journal» «reprendra à la rentrée dans une formule rénovée». La nouvelle formule «sera présentée cet été, ainsi que l’ensemble de la nouvelle grille des chaînes du groupe Canal+».
«Le Petit Journal» a perdu près de 400.000 téléspectateurs cette année
Depuis le départ, l’été dernier, de l’animateur Antoine de Caunes du «Grand Journal» et le passage de l’émission satirique emblématique «Les Guignols» en crypté, décidés par le nouveau patron du groupe Vincent Bolloré, l’émission de 40 minutes de Yann Barthès était le dernier représentant historique de cet esprit persifleur des débuts de Canal+. Avec une ironie mordante, toujours vêtu d’un impeccable costume-cravate, Yann Barthès décryptait les discours des politiques de tout bord, dévoilant souvent leurs artifices de communication.
Sa décision s’explique principalement par les incertitudes sur l’avenir de la chaîne et de l’émission, alors que Vincent Bolloré veut réduire les émissions en clair et les coûts, selon des sources proches du dossier, dans une chaîne aujourd’hui lourdement déficitaire.
Après avoir atteint 1,8 million de fans par jour en 2013-2014 puis 1,6 million en 2014-2015, «Le Petit Journal» a perdu près de 400.000 téléspectateurs cette année, pénalisé par un nouvel horaire, la suppression des Guignols en clair, qui tiraient son audience, et la chute de l’audience du «Grand Journal», diffusé juste avant.
Cette baisse de l’audience et le départ de Yann Barthès repose à nouveau la question de l’avenir des programmes en clair sur Canal+. Comme en 2002, alors que la chaîne était en pleine tourmente. A l’époque, Rodolphe Belmer, le numéro 2 du groupe, avait estimé que les programmes diffusés gratuitement fonctionnaient comme une source de recrutement indispensable. Elle permettait aux téléspectateurs de découvrir «l’esprit Canal». Ce rôle de vitrine n’est plus en phase avec la stratégie de Vincent Bolloré, le nouvel actionnaire majoritaire du groupe. Les Guignols sont désormais cryptés et lors d’une audition devant le CSA il y a quelques mois, le dirigeant a encore réaffirmé qu’il y avait trop de programmes en clair sur Canal+. Quand bien même ces derniers sont sources de recettes publicitaires, aux alentours de 137 millions d’euros soit légèrement plus que le coût de grille du clair. Mais Vincent Bolloré estime que la priorité consiste aujourd’hui à remettre l’abonné au cœur de la stratégie du groupe. Canal+ est d’ailleurs la seule chaîne payante au monde à diffuser des émissions gratuitement.
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